C'est un nouveau rendez-vous manqué, après un premier report annoncé dimanche dernier. Moustapha Abdeljalil a reconnu des « divergences de points de vue ». D'après le numéro un du CNT, le Conseil est « confronté à la mentalité libyenne qui veut que chaque tribu, chaque région, chaque ville ait sa part » dans le futur gouvernement.
Aujourd'hui, le CNT est dominé par des personnalités de l'est du pays et particulièrement de Benghazi. Mais les combattants de l'intérieur, notamment de Misrata et des montagnes du Nefoussa, qui ont joué un rôle essentiel dans le conflit, veulent faire entendre leur voix, même si Moustapha Abdeljalil a prévenu qu’une lutte acharnée n'ira pas de pair, automatiquement, avec une participation au gouvernement.
L'autre difficulté, après 42 ans d'un pouvoir sans partage de Mouammar Kadhafi, c'est de faire cohabiter dans une même équipe différentes tendances : des libéraux-laïcs et des islamistes, des caciques de l'ancien régime et des opposants de toujours, des factions qui n'ont pas les mêmes intérêts.
Ces tensions avaient déjà fait voler en éclat le précédent gouvernement après la mort du général Younès, à la fin du mois de juillet.
Patience donc avant l'annonce de ce gouvernement, d'autant que Moustapha Abdeljalil l'a encore souligné, la Libye n'est pas entièrement libérée. Cela reste pour lui la priorité.
Sur le terrain, après quatre jours d'accalmie, un nouvel assaut vers Syrte a été lancé ce samedi par les forces du nouveau régime libyen. « La ligne de front a progressé de 4 à 5 kilomètres », a annoncé le commandant des opérations sur le front ouest. Des brigades avanceraient aussi du côté sud, épaulées par l'Otan qui, ces dernières 24 heures, a effectué des frappes.
L'Otan dénonce également des actes brutaux sur place par des pro-Kadhafi. Des personnes ayant réussi à fuir la ville ont expliqué que les forces toujours loyales à Mouammar Kadhafi se servaient de civils comme de boucliers humains et tentaient de les empêcher de quitter l'enceinte de la ville.
Par ailleurs, les nouvelles autorités libyennes ont affirmé en début de soirée « contrôler des armes prohibées au niveau international », des armes découvertes dans le sud du pays. Aucun détail n'a été fourni sur leur nature.