« Nous devons redonner l’espoir à nos jeunes. C’est pourquoi tant dans le processus de rénovation de notre parti que dans la gestion des charges publiques, nous encouragerons plus encore le rajeunissement des appareils dirigeants ». Ce passage du discours inaugural de Paul Biya le 15 septembre en préambule au troisième congrès ordinaire du RDPC a été longuement applaudi par ses militants qui ont entamé dans la foulée un chant à la gloire de leur président national « Paul Biya, notre président. Père de la Nation, Paul Biya encore sept ans… ».
C’est en effet le congrès ordinaire qui renouvelle les membres du Comité central, instance dirigeante du parti, ainsi que ceux du convoité bureau politique, le « saint des saints » qui a perdu neuf de ses vingt-deux membres depuis le dernier congrès. Ainsi, depuis des années, une frange moderniste réclame un rajeunissement de ces structures, face à une aile conservatrice qui semble bien attachée à ses positions.
De nouveaux venus
Après deux jours d’assises tenues sous le thème de « la nouvelle dynamique », quel bilan tirer de ce troisième congrès ordinaire ? D’après les résultats des votes tenus lors de séance à huis clos, le RDPC a pris l’option d’ouvrir quelque peu le parti tout en maintenant la vieille garde à son poste.
Le Comité central élargi de 250 à 350 membres, a conservé ses éléments qui ont été rejoints par d’autres militants. Les plus anciens ont rejoint un collège d’honneur, nouvelle structure crée à l’issue du congrès. Quant au bureau politique, il est passé de vingt-deux à trente membres.
Parmi les nouveaux venus dans le cercle très fermé de cet organe « chargé d’assister le président national dans la conduite des affaires du parti » et uniquement composé de caciques du parti, les ministres Jacques Fame Ndongo, René Emmanuel Sadi ou encore le maire de la capitale politique Gilbert Tsimi Evouna.
La réélection du président national du parti, poste occupé depuis la création du RDPC en 1985 par Paul Biya s’est quant à lui déroulé sans surprise vendredi. Le président a été réélu à l’unanimité soit avec 1134 voix moins un vote. Un fait inédit dans l’histoire du RDPC qui n’a pas manqué d’arracher des rires au moment de la lecture du procès verbal de l’élection en séance plénière.
Celui qui a posé sa candidature face à Paul Biya est un de ses anciens ministres, fidèle du parti, René Ze Nguélé qui n’aura récolté que sa voix. Mis à part cet événement, la séance s’est déroulée selon un rituel immuable. Après la lecture de « motions de soutien » au président national du parti, annonce a été faite de sa réélection à la tête de la formation pour les cinq prochaines années sous l’acclamation d’un parterre de militants parmi lesquels la plupart des responsables du gouvernement vêtus pour l’occasion en chemise et chapeaux à l’effigie du Paul Biya.
Répétition générale avant les présidentielles.
A quelques jours des présidentielles du 9 octobre, le congrès ordinaire du RDPC a fait figure de galop d’essai pour les présidentielles. Son principal objet avait en effet été évacué avant même la tenue du congrès, le président Paul Biya s’étant déjà porté candidat du parti au futur scrutin le 4 septembre dernier.
Chants à la gloire du président, objets, pagnes et vêtements à son effigie, fort dispositif de sécurité, éditions spéciales et duplex de la radio et télévision nationale qui ont retransmis en direct les cérémonies d'ouverture et de clôture de son troisième congrès. La campagne du RDPC a bel et bien été lancée.
Cette grande messe tombe aussi à point nommé pour faire une démonstration de force et d’unité après « l’orage WikiLeaks » qui a défrayé la chronique ces dix derniers jours. Des câbles diplomatiques américains émanant de l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé ont été publiés sur le fameux site d’alerte laissant entrevoir un climat de guerre larvée au sommet de l’Etat en vue de « l’après-Biya ». D’après l’un de ces télégrammes, le ministre Marafa Hamidou Yaya, chargé de l’Administration territoriale aurait ainsi avoué aux Américains son ambition présidentielle.
Une démonstration de force et d'attachement au président
Un autre câble prête cette fois à Amadou Ali, vice-Premier ministre chargé de la Justice des propos sur la succession du président vue cette fois sous le prisme ethnique. Selon les Américains, Amadou Ali, originaire du nord du pays, aurait expliqué que les « nordistes » ne soutiendraient plus un président issu de la même ethnie que Paul Biya ou de l’ethnie Bamiléké, connue pour son dynamisme économique. Plusieurs télégrammes rapportaient aussi des propos qu’auraient tenu des ministres contre cette fois d’autres responsables politiques les indexant de corrompus ou d’ambitieux.
Pendant deux jours, les militants du RDPC auront donc eu toute la latitude de faire une démonstration de force et d’attachement à leur président national avant la campagne présidentielle officielle qui démarrera le 25 septembre prochain.