Controverse sur le soutien du Premier ministre bissau-guinéen à Kadhafi

Alors que l’ex-homme fort de la Libye est introuvable depuis la chute de son quartier général à Tripoli le 23 août 2011, le Premier ministre de la Guinée-Bissau, Carlos Gomes Junior, a déclaré, samedi 10 septembre, qu’il accueillerait Mouammar Kadhafi « à bras ouverts » dans son pays si ce dernier le souhaite. Le président Sanha n’a pas encore donné sa position, mais à Bissau cela suscite de nombreuses réactions.

Avec notre correspondant à Bissau,

« Kadhafi mérite la reconnaissance de la Guinée-Bissau et des autorités. Il serait reçu à bras ouverts s’il en faisait la demande, et nous assurerions sa sécurité. La Guinée-Bissau n’a pas ratifié la convention de Rome (instituant la CPI, ndlr) et ne fera en aucun cas respecter le mandat d’arrêt lancé par cette institution », a déclaré le Premier ministre, cité par Radio Diffusion Portuguese (RDP).

Si la présidence de la République ne s’est pas encore positionnée clairement sur ces déclarations, les propos du Premier ministre ont suscité une levée de boucliers de la part de plusieurs leaders. Luis Vaz Martins, président de la Ligue guinéenne des droits de l’homme a expliqué qu’il est « imprudent de la part du Premier ministre de faire de telles déclarations, en sachant que son pays est largement dépendant de la communauté internationale, qui reconnaît le CNT ».

De son côté, Ibrahim Diallo, leader du Congrès national africain, une formation politique nouvellement créée, avance dans une interview à RFI : « Si la Guinée-Bissau s’insurge contre la CPI, cela signifie qu’il y a complicité entre le Premier ministre de Guinée- Bissau et Kadhafi sur les crimes commis par ce dernier ».

Une opinion publique divisée

La présence libyenne en Guinée-Bissau est ancienne. Le pouvoir de Tripoli a pris part financièrement à plusieurs campagnes présidentielles. La dernière visite du « Guide » libyen en Guinée remonte à mai 2009, où il était intervenu pour calmer la situation après l’assassinat du président Vieira.

L’opinion guinéenne reste quant à elle partagée sur la sortie du chef du gouvernement. Nonobstant les bienfaits apportés depuis de longues années par la manne libyenne au pays -relance de l’agriculture, équipement de l’armée en matériel et réhabilitation des casernes, prise en charge de la cotisation du pays à l’Union africaine, financement d’usines de transformation de produits locaux...-, elle craint surtout la réaction de la communauté internationale.

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