Ce qui ne devait être finalement qu’une fête d’anniversaire, certes réunissant deux Prix Nobel de la paix, prend des allures de joutes diplomatiques. Invité au Cap par Mgr Tutu, le Dalaï Lama qui vit en exil en Inde a aussitôt entrepris les démarches à l’ambassade sud-africaine de New Delhi pour obtenir le visa nécessaire à sa venue en Afrique du Sud rapporte le journal sud-africain le Sunday Independent.
Demande fantôme
Or, cette dernière assure n’avoir rien enregistré de tel. Mais il en faudrait bien plus pour décourager le leader tibétain et il va donc recommencer ses démarches auprès de l’ambassade, ce lundi 29 août. Alerté, le ministère sud-africain de l’Intérieur assure qu’une fois transmise par New Delhi, « sa demande de visa sera prise en considération et sera examinée selon ses mérites, selon les procédures normales ».
Le malicieux évêque Desmond Tutu qui s’apprête à célébrer ses 80 ans le 7 octobre prochain, soutient « avoir bon espoir que notre gouvernement [sud-africain] facilite l’obtention des documents nécessaires ». Les deux Prix Nobel de la paix affichent imperturbablement leurs sourires légendaires mais chacun a bien conscience d’embarrasser les autorités.
Car il y a eu un précédent. En mars 2009, l’Afrique du Sud avait déjà refusé le « sésame » au chef spirituel de la communauté tibétaine qui était alors invité à une conférence sur la paix et le football avec plusieurs autres Prix Nobel. La réunion avait été finalement annulée à la suite de son boycott par les Nobel sud-africains, Frederik de Klerk et Desmond Tutu.
Libre comme n’importe quel citoyen
Deux mois après cet incident, la toute nouvelle ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane, qui est toujours en poste, avait assuré que le Dalaï Lama était « libre comme n’importe quel citoyen de la planète » de venir en Afrique du Sud. Une déclaration qui devrait prendre tout son sens dans les prochains jours.
Pour le moment le gouvernement sud-africain ne fait aucun commentaire sur cette fête en suspens. Très proche de Pékin, Pretoria ne veut surtout pas agacer la Chine qui prend ombrage de toutes les visites du Dalaï Lama à l’étranger. Le rapprochement à la fois politique et économique entre la Chine et l’Afrique du Sud a un prix. Ce dernier se montait en 2010 à près de 26 milliards de dollars, soit le volume du commerce entre les deux pays avec une balance favorable pour Pretoria avec 14,8 milliards de dollars d’exportation. Autant d’arguments qui font que l’Afrique du Sud cherche à éviter la mauvaise humeur du dragon chinois.