Sur les vingt-trois bourses recensées sur le continent, le contrecoup de la dégringolade des marchés internationaux a été ressenti de manière diverse. Principale victime : la bourse sud-africaine qui rassemble à, elle seule, plus des deux tiers des opérations en Afrique. La Johannesburg Stock Exchange (JSE) a, en effet, enregistré au plus fort de la crise, une chute de 6% avant de se reprendre.
Cette baisse s’inscrit dans la foulée de la chute des principales places boursières mondiales comme l’explique Cyrille Nkontchou, directeur général de Liquid Africa, une société de courtage basée en Afrique du Sud : « la JSE qui est la plus importante bourse du continent africain en raison de sa taille et de son niveau de développement, a été très affectée par la tempête boursière. C’est, en effet, une place très dynamique connectée à toutes les grandes places financières internationales ».
Des conséquences sur l’économie réelle
Outre la JSE, la Nairobi Stock Exchange, la plus ancienne bourse d’Afrique de l’Est et la bourse du Caire ont également observé un mouvement baissier en écho à ce qui se passait sur les marchés internationaux. Mais du côté des places de Kigali, Accra ou Abidjan, l’impact a été très faible. Sur ces marchés, les investissements se font sur une perspective de deux ou trois ans.
Ce que redoutent les spécialistes, ce sont plutôt les conséquences sur l’économie réelle, alors que se profile une récession mondiale. « La plupart des économies africaines sont exportatrices, notamment de matières premières », indique Jean Luc Bedie, directeur général de Hudson & co, une société boursière en Côte d'Ivoire. Et d’ajouter : « si on enregistre une baisse de la consommation en Europe, aux Etats-Unis et dans les pays développés, cela aura des conséquences sur les pays africains ».
Un marché à risque
Les titres ou obligations disponibles sur les marchés africains pourront-ils attirer un jour des investisseurs lassés de l'instabilité des grandes places occidentales ou asiatiques ? C'est l'espoir pour le moment déçu des professionnels du secteur comme l’explique Cyrille Nkontchou : « en période de crise boursière, les investisseurs s’orientent vers des valeurs refuges comme l’or ou le franc suisse et se désintéressent des actifs des pays émergents et africains. Un jour peut-être, le continent attirera des investisseurs lassés de la volatilité de Wall Street, Paris, Londres ou Tokyo ».
A titre d'exemple l'obligation d'Etat émise par Accra sur le Ghana Stock Exchange est rémunérée à un taux de 14% par an. Des rétributions que l'on ne voit plus guère dans l'hémisphère nord, et pourtant le marché africain reste aux yeux de beaucoup un marché à risque, avec de nombreux handicaps. La faiblesse du volume des transactions, la taxation élevée des opérations boursières et le manque d’infrastructures sont autant de freins au développement de ce secteur. Mais c’est surtout toute une culture boursière que l’Afrique doit désormais acquérir.