Avec notre bureau de Bruxelles
On peut dire que la démarche de la délégation des insurgés libyens variera selon ses interlocuteurs. Au président de la Commission européenne José Manuel Barroso, les Libyens diront qu’ils ont apprécié le geste qui a consisté à ouvrir à Benghazi une représentation diplomatique de l’Union européenne, mais qu’ils souhaiteraient une initiative concertée des 27, afin d’accroître le nombre de pays en Europe et au-delà qui lui reconnaissent la qualité de représentant légitime du peuple et de l’Etat libyen.
Mahmoud Jibril, qui dirige la délégation du CNT et qui est en quelque sorte le ministre des Affaires étrangères de celui-ci, voudra aussi se placer dans la perspective de l’après-Kadhafi. Il se dira preneur de tout appui des Européens, pour l’aider à bâtir un Etat libyen moderne et démocratique. C’est là le langage qu’adorent entendre les milieux européens, que les importantes ressources en hydrocarbures de la Libye ne laissent pas indifférents non plus.
Pays jusqu’ici tenu à l’écart des structures institutionnelles euro-méditerranéennes, la Libye de demain pourrait rapidement trouver sa place dans les différents dispositifs existants, au développement lent mais constant.
Au siège de l’Alliance atlantique, il sera en revanche beaucoup moins question de l’avenir, que de préoccupations militaires immédiates. La coordination entre les forces insurgées et le commandement opérationnel de la campagne aérienne de l’Otan reste perceptible, et les besoins de formation et d’encadrement des insurgés demeurent importants et urgents.
L’Otan continue à soutenir le CNT mais réduit ses dispositifs pendant le ramadan
Compte tenu de la réduction spectaculaire du nombre d’agressions des troupes de Kadhafi contre des populations civiles, les chefs militaires de l’Otan estiment qu’ils ont en grande partie rempli leur mandat, même si la vigilance reste de mise. Il n’est donc pas question pour l’Alliance atlantique de réduire les moyens qu’elle met à la disposition de l’opération « Protecteur unifié », qui, en à peine plus de cent jours, a justifié 14 500 interventions d’aéronefs des 17 pays de la coalition.
Pour des raisons d’affichage vis-à-vis du monde musulman, l’Otan hésite cependant à poursuivre les bombardements au cours du mois de ramadan, dans trois semaines environ.
Alléger le dispositif ne prévoirait dans cette hypothèse qu’une réaction ponctuelle à d’éventuels mouvements de troupes pro-Kadhafi, dont il est évident qu’il faut empêcher le regroupement et la consolidation. La délégation du Conseil national de transition devrait cependant plaider pour un maintien de la pression militaire internationale pendant le ramadan.