La Libye se dit prête à négocier «sans conditions» avec les rebelles et avec la France

Pour le Premier ministre libyen, Baghdadi al-Mahmoudi, l’heure est venue de négocier avec les rebelles et avec la France. Une déclaration qui fait suite à celle du ministre français de la Défense Gérard Longuet qui appelait les rebelles du Conseil national de transition à entrer en discussion avec Tripoli. Lors d’un entretien publié ce mardi 12 juillet 2011 par le quotidien Le Figaro, Baghdadi al-Mahmoudi affirme que le pouvoir du colonel Kadhafi n’a plus guère de moyens militaires pour tenir ses positions.

« Nous sommes prêts à négocier, sans conditions. Nous voulons simplement que les bombardements cessent, et que l'on puisse discuter dans un climat serein. On ne peut pas dialoguer sous les bombes, déclare le Premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi. Un camp, celui des rebelles, est soutenu par toute la puissance de l'Otan, il dispose de l'aide financière internationale, des livraisons d'armes, du ravitaillement. Le nôtre, celui du gouvernement libyen, n'a rien. Mais nous disons: nous sommes prêts à parler », explique encore le ministre dont la réputation de pragmatisme se confirme une fois encore ici.

Les propos du Premier ministre libyen font écho à ceux du ministre français de la

Défense, qui, toujours dans Le Figaro, dresse un bilan de l’action des alliés en Libye. Gérard Longuet s'y félicite d’avoir réussi à protéger les populations civiles de la Cyrénaïque, de la zone de Mistrata et du Djebel Nafoussa conformément au mandat de la résolution 1973 de l’ONU. Autre motif de satisfaction : avoir vu la formation d’un Conseil national de transition (CNT) reconnu par plus d’une vingtaine de pays.

« Nous sommes les plus faibles »

Par ailleurs, Gérard Longuet constate « le délitement en ‘’ pelure d’oignon’’ du pouvoir de Kadhafi et un discours qui entérine le fait que le changement est inéluctable ». « La France est favorable à un changement politique en Libye mais toute solution, ajoute-t-il, passe par le retrait de Kadhafi du pouvoir et son renoncement à tout rôle politique ».

Saisissant la balle au bond, Baghdadi al-Mahmoudi rappelle : « L'Otan le répète dans tous ses communiqués : 70% des capacités militaires libyennes ont été détruites. Nous n'avons plus d'avions, plus de marine, plus de DCA, la plupart de nos tanks et notre armée sont hors de combat. Nous n'avons plus que des fusils, nous sommes aujourd'hui les plus faibles. Alors que la rébellion est ravitaillée en armes et augmente de jour en jour ses capacités militaires ». Mais « on ne peut pas parler sous les bombes », poursuit le Premier ministre de Kadhafi qui ajoute « si les bombardements cessent nous pouvons très rapidement arriver à un compromis, j’en suis certain. Nous n’avons aucune difficulté à parler avec les gens du CNT ».

Des discussions sans le Guide libyen
 

Pour la première fois également est évoquée l’idée selon laquelle le Guide libyen pourrait être écarté des discussions. « Le dialogue doit avoir lieu avec toutes les parties, en vue de mettre en place le système politique. Le Guide n’interviendra pas dans ces discussions, précise bien Baghdadi al-Mahmoudi. Tout doit être libre. Les discussions doivent se mener sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine. Tout est envisageable : la rédaction d’une Constitution provisoire, la liberté d’expression, l’établissement de partis politiques, la démocratie… » lâche enfin le chef du gouvernement libyen non sans assurer que « Kadhafi est prêt à respecter la décision du peuple libyen » et nous, « nous sommes prêts à entamer des discussions dès maintenant. Avec les Libyens, mais aussi avec l'Union européenne, et en particulier avec la France. Sans aucune condition préalable » précise-t-il.

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