Trois mois après le début des frappes de la coalition en Libye, la situation en Libye est toujours dans l’impasse. Les rebelles soutenus par l’Otan font du surplace et l’ONU tente maintenant de pousser vers une solution négociée avec Mouammar Kadhafi, toujours au pouvoir.
Les opérations militaires en Libye s’enlisent. Depuis le début de ses opérations, l'Alliance atlantique aura mené plus de 4 300 sorties aériennes. Mais si la capacité du régime libyen à attaquer les civils a été fortement réduite, personne à Bruxelles ne se risque plus à donner un pourcentage du potentiel militaire des forces kadhafistes détruit. Les vastes mouvements de l'armée ont été arrêtés. Dorénavant, le conflit a pris la forme d'escarmouches meurtrières d'où la décision de l'Otan d'impliquer des hélicoptères britanniques et français pour des frappes plus précises.
Les alliés ont encore affiché récemment leur volonté d'agir aussi longtemps que nécessaire.« La mission continuera et nous augmenterons la pression jusqu'à ce que ces objectifs soient atteints », a déclaré cette semaine une porte-parole de l'Alliance. La coalition internationale a prolongé le mandat de l'opération de 90 jours, jusqu'au 27 septembre 2011, mais les dissensions qui existaient au sein de l'Otan avant l'opération, pourraient refaire surface. Certains alliés donnent des signes de lassitude comme l'Italie qui a déjà évoqué la fin de son implication dans le conflit libyen.
Arme diplomatique
Pour sa part, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, -qui a mandaté l'Otan-, assure que la diplomatie progresse. Le secrétaire général de l’ONU a affirmé lors de la réunion du Caire* sur la crise libyenne que les prémisses d’un processus de négociations sont en place et que son envoyé spécial en Libye, le Jordanien Abdallah Al-Khatib a réalisé quelques progrès.
Mais le seul élément concret donné par le secrétaire général est l’affirmation du Premier ministre libyen : des contacts ont eu lieu pour la première fois entre Tripoli et le mouvement rebelle dans différents pays. Une information démentie ce 18 juin par Mahmoud Jibril lors d’une visite à Naples, en Italie. Il n'y a « pas de négociations en cours (...) si des négociations devaient avoir lieu [le Conseil national de transition] s'est « engagé à l'annoncer à tous ses amis de par le monde ».
Alors que l'Autriche vient de reconnaître le Conseil national de transition libyen (CNT), rejoignant la quinzaine de pays qui l'a déjà fait, la Tunisie opte pour la retenue. Un responsable tunisien, qui a requis l'anonymat, a confié à l'AFP que la Tunisie n'avait pas « pour l'instant » l'intention de reconnaître le CNT. Une reconnaissance du Conseil pourrait gêner Tunis comme intermédiaire dans des négociations.
Dans les faits, la Tunisie apporte un soutien actif à la rébellion libyenne. Depuis le début de la guerre, des centaines de milliers de réfugiés ont franchi sa frontière. Certes, quelques caciques du régime Kadhafi ont trouvé refuge à Tunis ou à Djerba mais la région de Tataouine dans le sud du pays est une base arrière importante pour les insurgés.
Le Burkina Faso s'est invité dans le dossier libyen tout récemment. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, a indiqué qu'il était en contact avec le CNT.
Cette déclaration est un nouvel épisode dans les relations complexes entre Ouagadougou et Tripoli, d'anciens alliés**.
Le 21 avril dernier, le Guide libyen avait envoyé son ministre chargé des Affaires africaines dans la capitale burkinabè avec mission de rallier le Burkina Faso à la feuille de route de l'Union africaine. Le geste mettait fin à une brouille remontant à 2008 quand le président Blaise Compaoré s'était rendu en Israël, invité à la commémoration du 60e anniversaire de l'indépendance de l'État.
Toutefois, les diplomates du Conseil de sécurité de l'ONU restent très réservés sur la solution diplomatique du conflit libyen et répètent qu’une Libye avec Mouammar Kadhafi est impensable et que les bombardements se poursuivront tant qu’il n’aura pas quitté le pouvoir.
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* Ban Ki-moon a participé de New York, à une vidéo-conférence au Caire ce 18 juin qui réunissait des représentants de l'Union africaine, l'Union européenne, la Ligue arabe et l'Organisation de la conférence islamique.
** Le Burkina Faso a été le premier pays à briser l'embargo de l'ONU mis en place en 1982.