Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua
Ce devrait être un duel franco-mexicain. La Française Christine Lagarde soutenue par l'Europe, s'apprête à affronter le gouverneur de la Banque du Mexique Agustin Carstens, docteur en économie, diplômé de l'Université de Chicago (Illinois) et ancien haut responsable du Fonds monétaire international, présenté comme le candidat des pays émergents et en développement. Il a d'ailleurs reçu l'appui d'une quinzaine de pays latino-américains.
Mais Christine Lagarde semble avoir convaincu les Africains, qui, à Lisbonne par la voix du ministre congolais des Finances lui ont apporté le soutien du continent. En se retirant de la course, Trevor Manuel, a augmenté les chances de ralliement des pays émergents à la candidature de la Française. L'ancien ministre des Finances de l'Afrique du Sud, qui s'était présenté en 2007 contre Dominique Strauss-Kahn jugerait pourtant regrettable que le prochain patron du FMI soit inféodé à l'Europe. Un avis partagé par l'Union africaine.
Rien n'est joué cependant car les grands pays émergents ont jusqu'à présent pris bien garde de se prononcer : le Brésil, la Chine, la Russie, l'Inde n'ont pas encore fait clairement connaitre leur position. En dépit du poids de leurs économies, ces nations ne pèsent pas autant au conseil d'administration du FMI que les Etats-Unis et le Japon.
La Maison Blanche semble bien disposée à l'égard de Christine Lagarde mais les poursuites contre elle dans l'affaire Tapie semblent faire hésiter les Etats-Unis.
En signe de bonne volonté, Christine Lagarde s'est prononcée pour davantage de diversité au sein de la direction du FMI. Christine Lagarde l'a dit vendredi à la réunion de la Banque africaine à Lisbonne.
Ce samedi 11 juin Christine Lagarde est en Arabie Saoudite avant une nouvelle étape au Caire dimanche.
Dominique Strauss-Kahn a été contraint de démissionner de son poste de directeur du FMI le 19 mai, après son arrestation à New York dans une affaire de viol présumé.
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* La ministre française de l'Economie est soupçonnée d'abus d'autorité dans une procédure d'arbitrage qui a abouti au versement de près de 300 millions d'euros et intérêts, à l'homme d'affaires, ancien ministre de la Ville, député européen et patron du club de football, OM, Bernard Tapie. La Cour de justice de la République, qui a examiné ce 10 juin le rôle de Christine Lagarde a décisé de reporter sa décision au 8 juillet 2011.