Avec notre correspondant à Pékin
La salle de réception de la résidence de France à Pékin est pleine à craquer. Forêt de mains levées au moment de poser les questions. Les confrères chinois sont très directs : « Quel sera le poids de la Chine dans la future direction du FMI ?».
« La Chine représentait à peine 4 % (des voix du FMI) avant 2008, répond la ministre française –contre près de 17% pour les Etats-Unis ndlr-. A la fin de la réforme initiée par Dominique Strauss-Kahn, la Chine représentera 6,39 % (des voies du FMI) ». Difficile pour l’instant d’en dire plus. Les candidatures au poste de directeur général du FMI sont ouvertes jusqu’au 10 juin 2011 au soir et le ministre chinois des Affaires étrangères indiquait, mercredi encore, que les jeux restaient « ouverts ».
Marathon de Pékin
En deux jours, Christine Lagarde a rencontré le gouverneur de la Banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan, le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi ainsi que le très probable successeur de Hu Jintao l’an prochain. Le vice-président chinois Xi Jinping est lui aussi en campagne et ne manque jamais une occasion de saluer les hôtes étrangers de passage à Pékin.
Un marathon de Pékin qui a laissé le temps à Christine Lagarde de passer une « heure » avec le vice-Premier ministre chinois en charge des questions économiques. Un « vieil ami » avec qui la discussion a été « consistante et profonde ». Il faut dire que les deux « amis » se connaissent bien. Christine Lagarde faisait partie du comité consultatif international de la capitale chinoise lorsque Wang Qishan était maire de Pékin.
Question posée au cours de la conférence de presse à la résidence de France à Pékin : « Quelles promesses avez-vous faites aux autorités chinoises pour obtenir leur soutien ? ». Des déclarations dans les médias chinois ces dernières semaines ont évoqué « des postes de direction » ; « combien de postes pour la Chine ? » La présence des Chinois à la direction du Fonds monétaire international est « très légitime », répond la ministre française de l’Economie.
Hommage appuyé à Min Zhu
Pourquoi pas un poste de directeur adjoint à Min Zhu, vu l’hommage appuyé
rendu au conseiller spécial de Dominique Strauss-Kahn ? L’économiste chinois est, jusqu’à présent, le plus haut représentant de la Chine au sein de l’institution financière internationale : « Min Zhu a été recruté comme conseiller économique et, compte tenu de sa qualité et de ses compétences, de la représentation nécessaire au plus haut niveau, ce serait très logique et probablement désirable qu’il puisse intervenir au plus haut niveau de la direction du FMI », assure Christine Lagarde qui affirme attendre la décision du conseil d’administration de manière très « positive » et avec la « confiance nécessaire à toute compétition ».
Une dernière question posée à la ministre française, par un confrère de Mediapart, avant qu’elle aille prendre l’avion. La question concerne les soupçons pesant sur elle dans l’affaire Tapie, soupçons qui pourraient lui valoir une enquête embarrassante dans sa campagne pour obtenir la direction du FMI. Réponse de Christine Lagarde : « Je me suis toujours engagée pour l’intérêt de l’Etat et, en ce qui concerne l’affaire à laquelle vous faites référence, j’ai toute confiance dans le déroulement de la procédure. J’ai la conscience totalement tranquille ».
Direction maintenant Lisbonne pour convaincre les leaders africains présents dans la capitale portugaise pour la réunion de la Banque africaine de développement des qualités de sa candidature.