L’avenir de la Grèce a été à l’ordre du jour de cette réunion d’experts destinée à préparer le Conseil européen des 23 et 24 juin prochain. Les pays européens réunis à Vienne ont débattu de la question sur la base du pré-rapport de la Troïka, constituée de la Banque centrale européenne (BCE), du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne.
Ce rapport qui établira où en est Athènes dans l’assainissement de ses finances publiques, est officiellement attendu en fin de semaine, mais pourrait n’être rendu public que lundi. Un document très important puisqu’il doit donner le feu vert au versement d’une cinquième tranche d’aide (12 milliards d’euros) du plan de sauvetage de 110 milliards d’euros, tranche qui doit être allouée à la Grèce d’ici la fin du mois de juin. Or la semaine dernière, le FMI a menacé de ne pas verser sa part, car Athènes n’est pas en mesure de couvrir les besoins de refinancement de sa dette pendant un an, ce qui constitue les conditions requises par le règlement du fonds.
Remodelage des emprunts
Un an après son appel à l’aide, le pays est loin d’être sorti d’affaire. Son déficit pour 2010 vient d’être revu à la hausse, de 9,4% à 10,5% du produit intérieur brut (PIB). Mais c’est surtout sa dette de 327 milliards d’euros qui inquiète : elle pèse plus de 150% du PIB. Sans compter que les rentrées fiscales ne sont pas au rendez-vous en raison de la récession mais aussi de la fraude fiscale toujours très répandue dans le pays.
Il apparait donc clair que la Grèce ne parviendra pas à rembourser la dette contractée auprès des banques privées. Le gouvernement grec et l’Union européenne ont exclu toute idée de restructuration de la dette, ils plaident désormais pour une participation plus active du secteur privé qui pourrait acheter de la dette grecque lorsque les obligations qu’il détient, arrivent à échéance. Un autre scénario est également évoqué, celui d’un nouveau plan de soutien d’au moins 60 milliards d’euros. Lors de cette réunion de Vienne, les pays européens, représentés par leurs directeurs du Trésor ou secrétaires d’Etat aux Finances, ont discuté des modalités de ce nouveau plan.
Une agence indépendante pour gérer les privatisations
De son côté, la Grèce doit faire des efforts supplémentaires pour appliquer les mesures prévues qui portent sur trois axes principaux : économies budgétaires, augmentation des impôts par une meilleure collecte et surtout privatisations. Sur ce volet très attendu, la BCE chiffre à 300 milliards d'euros les actifs publics de la Grèce (électricité, aéroport, ports, société d'eau, jeux...). La vente d'une partie de ce patrimoine doit rapporter au pays 50 milliards d'ici 2015, ce qui lui permettrait de réduire sa dette de 20%.
Ces dernières semaines, les pays européens ont fait pression pour qu’Athènes accélère son programme de privatisations. Des négociations ont débuté à Athènes entre gouvernement grec et le groupe allemand Deutsche Telekom pour une reprise de l’opérateur grec de téléphonie OTE. Des parts possédées par l’Etat dans plusieurs entreprises devraient ainsi être vendues : la Banque postale grecque, les ports d’Athènes et de Thessalonique. Mais pour l’heure, peu de choses concrètes ont été lancées. Pour gérer les privatisations, certains dirigeants européens se sont prononcés pour la création d’une agence indépendante. Une agence comportant des représentants étrangers, inspirée du modèle allemand de la Treuhandanstalt, chargée des privatisations en Allemagne de l'est après la chute du Mur.