Le gouvernement kenyan protège-t-il les témoins ou les suspects ? C’est la question posée par le procureur Luis Moreno-Ocampo dans un communiqué, où il affirme que la position du gouvernement a changé depuis que les noms des six personnes suspectées de violences politiques ont été rendus publics. Des allégations réfutées par le ministre de la Justice et le porte-parole du gouvernement, Alfred Mutua. Mais des divisions existent, reconnaît le Premier ministre, Raila Odinga, dans une interview accordée à une télévision locale.
« Au niveau du gouvernement, l’engagement est là, appuie-t-il. Après, il y a des intérêts divergents. Vous savez que les partis PNU (Party of National Unity) et ODM (Orange Democratic Mouvement) ne sont pas d’accord. Je pense qu’il faut distinguer ces points de vue partisans de la position du gouvernement, qui reste celle que nous avons communiquée à monsieur Ocampo : le Kenya continue à coopérer avec la CPI ».
Pourtant, c’est bien le gouvernement qui a tenté d’en recourir à l’Union africaine, puis aux Nations unies, afin de repousser d’un an la procédure. C’est encore le gouvernement qui a déposé une requête à la CPI pour juger localement les suspects. Une attitude qui, selon le procureur, entraîne un climat de peur pour les témoins. Une délégation de la CPI est actuellement présente à Nairobi pour évaluer le programme de protection des témoins et rencontrer les officiels du gouvernement.