Les voyagistes français espéraient que 2011 marquerait la sortie définitive de la crise qui les frappe depuis 2008. Ils déchantent. Les révoltes arabes en Tunisie et en Egypte ont eu pour conséquence immédiate, selon le CETO qui regroupe les tours opérateurs français, une diminution de 70% des départs pour l’Egypte, 50% pour la Tunisie et, par effet d’amalgame dans l’esprit des touristes, de 8% pour le Maroc. Soit les trois destinations en tête des choix des français.
L’attentat de Marrakech le 28 avril va, sans nul doute, avoir des conséquences très importantes sur la saison touristique dans l’ensemble du pays. Or, le Maroc a accueilli plus de neuf millions de touristes en 2010, dont 1,8 million Français qui constituent le plus gros bataillon. La ville de Marrakech, à elle seule, a accueilli près de 2,5 millions de touristes de toutes nationalités l’année dernière.
Recul des réservations estivales
C’est l’avenir de la saison estivale qui inquiète le plus les voyagistes. Les réservations sont en baisse de 88% pour l’Egypte, qui constitue plutôt une destination d’hiver. Mais elles sont également en recul de 80% pour la Tunisie et, désormais, de 40% pour le Maroc.
On constate un repli sur d’autres destinations d’Europe du Sud comme l’Espagne, y compris les Baléares, l’Italie et la Grèce qui enregistrent jusqu’à 50% ou 60% de progression de leurs réservations. Mais cela ne compense pas les défections sur l’Afrique du Nord.
Conséquences économiques et sociales
Passe difficile pour les tours opérateurs français, cette situation est encore plus périlleuse pour les pays-hôtes. Le ministre tunisien du commerce et du tourisme a déjà estimé que la saison 2011 serait « désastreuse ». Et, selon lui, si la Tunisie parvient à réaliser ne serait-ce que la moitié de son résultat de l’an dernier, ce serait déjà très bien.
A Marrakech, c’est le tourisme qui fait vivre la médina. On y compte de 600 à 700 riads, ces habitations anciennes reconverties dans l’hôtellerie. Chacun d’entre eux emploie du personnel local et fait vivre les commerçants de proximité. Autant de familles qui risquent de se retrouver momentanément sans ressources.