Avec notre envoyée spéciale à Rome,
A l’origine de ces fortes tensions, il a bien sûr le sort de ces quelque 23 000 migrants, en grande partie tunisiens, qui ont débarqué depuis le mois de janvier dernier sur les côtes italiennes. Des réfugiés dont personne ne veut, ni la France de Nicolas Sarkozy, ni l’Italie de Silvio Berlusconi. Deux chefs d’Etat en grande difficulté sur le plan politique, mais également soumis à la rude pression de leur extrême droite : le Front national dans l’hexagone, la Ligue du Nord dans la péninsule.
Et l’Italie et la France de se renvoyer aujourd’hui la responsabilité de la crise actuelle. Le 17 avril, c’est Paris qui a provoqué la colère de Rome en suspendant la circulation des trains à la frontière franco-italienne. De son côté, la France se montre très franchement irritée par la décision italienne d’octroyer des permis de séjour de six mois à ces immigrés tunisiens.
Voilà pourquoi Paris a décidé de frapper un grand coup en menaçant dans un premier temps de se retirer de l’accord de libre circulation de Schengen. C’était il y a trois jours. Depuis la France a calmé le jeu et, aujourd’hui, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi devraient afficher à Rome leur réconciliation avec une déclaration commune qui chargera l’Europe d’un contrôle technique, c’est-à-dire de réviser le traité de Schengen pour l’adapter aux nouvelles réalités, à cet afflux massif de migrants.
Le point sur la Libye
Le dossier est aussi extrêmement sensible entre les deux capitales. La décision de Nicolas Sarkozy d’intervenir très rapidement en Libye le mois dernier a indisposé l’Italie, l’ancienne puissance coloniale, qui a plus longuement hésité avant de lâcher son allié le colonel Kadhafi.
Et c’est une vraie campagne antifrançaise qui s’est alors déchaînée dans la presse populaire italienne accusant la France d’être intervenue, non pas pour sauver les civils libyens, mais pour des intérêts purement économiques. « A eux le pétrole, à nous les clandestins ! », titrait il y a peu un journal populaire italien.
« Beaucoup d’émotion, mais peu de réalité », minimise aujourd’hui de son côté l’Elysée. Il est vrai que les positions de la France et l’Italie sont nettement rapprochées ces derniers temps. Toutes deux ont reconnu l’opposition libyenne, toutes deux viennent d’envoyer des conseillers militaires en Libye. Et la nuit dernière, l’Italie a d’accepté de mener avec ses avions des frappes ciblées en Libye.
De quoi réjouir Nicolas Sarkozy, qui avec Silvio Berlusconi, devraient plaider d’une même voix en faveur du dégel des fonds détenus à l’étranger par le régime de Kadhafi. De l’argent qui, selon Paris et Rome, doit être octroyé au plus vite à la résistance libyenne.