Migrants tunisiens : le sujet qui fâche la France et l'Italie

Le projet du gouvernement français de suspendre temporairement l'accord de Schengen sur la libre circulation des personnes, annoncé à la veille du week-end pascal, donne le ton à la rencontre qui doit avoir lieu ce 26 avril 2011 à Rome entre le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi et le président français, Nicolas Sarkozy. Pour la France, il s'agit d'endiguer l'afflux des migrants en provenance de Tunisie à qui l'Italie a octroyé des permis de séjour temporaire.

Le débat sur l'immigration a marqué l'actualité politique du week-end. En faisant savoir ce 22 avril, à la veille des fêtes de Pâques, que la France réfléchissait à une suspension provisoire de l'accord de Schengen sur la libre circulation dans l'Union européenne pour faire face à l'afflux d'immigrés en provenance de Tunisie, l'Elysée a provoqué de nombreuses réactions.

Pour Dominique de Villepin « Schengen, ça n'est pas une passoire », et il n'est pas question de laisser affluer sans contrôle dans l'hexagone les migrants en provenance de Tunisie et de Libye. Mais l'ancien Premier ministre estime néanmoins que la proposition de la France de suspendre provisoirement l'application de l'accord de Schengen est une « erreur » et envoie « un mauvais signal ».

Le signal que l'on lorgne du côté de l'électorat de Marine Le Pen, toujours aussi bien placée dans les sondages, comme l'a aussi suggéré le socialiste Manuel Valls qui a estimé que la politique d'immigration du gouvernement était basée « sur des slogans pour désigner des boucs émissaires et courir derrière le Front national ».

S'agit-il alors d'un effet d'annonce à visée politicienne ou d'une proposition pragmatique rendue nécessaire par les défaillances du système de Schengen ? Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, a plaidé pour la deuxième option en expliquant que « l'Europe n'était pas la libre circulation des immigrants illégaux ». Marine Le Pen a  tranché dans l'autre sens en estimant que « la seule position raisonnable était de négocier la sortie de l'espace Schengen, au plus vite », le reste étant du « blabla ».

Cette option n'est pas à l'ordre du jour du sommet franco-italien comme l'a indiqué le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, dans une entrevue accordée au quotidien économique Il Sole 24 Ore. « Il s'agit d'analyser comment cet instrument [l'accord de Schengen] est adapté au temps et au monde qui change rapidement. En somme, un contrôle technique. Personne, et pas non plus la France, ne veut poignarder le traité ».

L'Italie souhaite surtout faire reconnaître la validité des visas octroyés à 20 000 Tunisiens, dont la plupart souhaite s'installer en France. Il y a quelques jours, le parti très populiste et xénophobe, la Ligue du Nord, par son représentant en Vénétie, Luca Zaia a brandi la menace d'une « guerre totale contre les produits français, à commencer par le champagne, le camembert et le brie » si Paris ne change pas d'attitude à l'égard des migrants.

Lors de son message au monde, au cours de la traditionnelle messe de Pâques, célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome ce 25 avril, le pape Benoît XVI avait appelé « à la solidarité de tous aux nombreux exilés et réfugiés qui proviennent de différents pays africains ».

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