Avec notre envoyé spécial à Tripoli,
Des officiels du régime sont venus un peu après 2h du matin dans l'hôtel où résident les journalistes pour leur montrer ce site bien connu, déjà ciblé par des bombardements américains le 15 avril 1986, puis une nouvelle fois au début des frappes de la coalition en mars dernier.
Il s’agit d’une résidence symbole de Mouammar Kadhafi, nommée Bab al-Azizia (La Porte Splendide), forteresse surprotégée avec des miradors, des dizaines de soldats, qui se trouve dans le centre de la ville. Tous les soirs des centaines de personnes se retrouvent à Bab al-Azizia pour faire office de bouclier humain pour le Guide.
Aucun mort, aucun blessé n'était visible sur place. Cependant, les autorités affirment qu’au moins trois personnes ont été tuées dans l’attaque. Des autorités qui voulaient montrer aux journalistes que l’Otan avait raté sa cible : les bombes ne sont pas tombées à l’intérieur de la résidence, mais sur un parking juste devant. Beaucoup pensent que sous ce parking, pourrait bien se trouver une cache d’armes, un bunker du colonel Kadhafi.
L’un des porte-parole du gouvernement libyen laisse entendre qu’il pourrait s’agir d’une première attaque de drone américain car notamment, le diamètre des 2 cratères causés par les obus ne dépassait pas 2m de circonférence. Pourtant ce vendredi, on entendait bien des avions de chasse survoler la ville et les batteries anti-aériennes, les DCA, se sont immédiatement mises à tirer de façon assez nourrie pour tenter de les abattre sans succès.
En tout cas, l'attaque est forte symboliquement car la coalition internationale, qui avait promis d’intensifier ces opérations, vient frapper une seconde fois au cœur du pouvoir libyen.
Par ailleurs, un haut responsable du gouvernement libyen a fait savoir ce 22 avril que l'armée allait abandonner la bataille pour Misrata dans l'ouest du pays, pour laisser les tribus autour de la ville gérer la situation. Ces tribus avaient demandé à l'armée de s'écarter si elle ne parvenait pas à reprendre le contrôle de la ville. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaim, qui a annoncé ce changement n'a pas précisé quand l'armée allait se retirer ni si elle réinterviendrait plus tard en soutien aux tribus.
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À consulter :
Tribus et État dans le système politique libyen. Moncef Djaziri. Revue Outre-Terre 2009.