En 1994, au moment du génocide, Mathias Bushishi était procureur à Butaré. Selon le parquet fédéral belge, il est poursuivi pour son implication présumée dans trois massacres dans cette ville.
Le mois dernier déjà, deux autres Rwandais ont été arrêtés en Belgique. Ernest Gakwaya et Emmanuel Nkunzuwinye, également recherchés par Kigali, ont eux aussi été inculpés à Bruxelles de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Avec trois arrestations et des poursuites dans la foulée en un mois, la Belgique confirme qu'elle est en pointe dans la lutte contre les présumés génocidaires rwandais. En vertu de sa loi de compétence universelle, qui permet aux tribunaux belges de juger les auteurs de crimes contre l'humanité, elle a déjà organisé quatre procès liés au génocide rwandais ces dix dernières années. A chaque fois, la cour d'assises de Bruxelles a prononcé de lourdes peines, au minimum dix ans de prison.
Banquier du génocide
Les poursuites ont commencé en 2001, avec sur le banc des accusés deux religieuses, un universitaire et un industriel rwandais, puis en 2005, avec deux commerçants du nord du Rwanda.
En 2007, Bernard Ntuyahaga, un ancien militaire a écopé de vingt ans de prison pour le meurtre des dix casques bleus qui assuraient la protection de la cheffe du gouvernement rwandais, elle même assassinée le 7 avril 1994. Enfin, en 2009, celui qu'on surnommait le « banquier du génocide », Ephrem Nkezabera, été condamné à trente ans de prison.
Le parquet fédéral belge précise que le procès de Mathias Bushishi pourrait se tenir à la cour d'assises de Bruxelles, en vertu de la loi de compétence universelle qui permet aux tribunaux belges de juger les auteurs de crimes contre l'humanité.
Le porte-parole du parquet rwandais a fait part de sa satisfaction en soulignant que l'important est que justice soit rendue, à Kigali si possible, ou bien à Bruxelles.