Le pasteur Gratien Mitsindo, 57 ans, est l'un de ces « Justes ». Au plus fort des massacres de 1994, pendant deux mois, il a caché près de 300 personnes dans le temple dans lequel il officiait, dans sa maison, etc... Face aux miliciens, il disait : «Tuez-moi d'abord !»
Obligé de fuir dans l'ex-Zaïre, il emmène quelques protégés avec lui. Sept d'entre eux trouveront la mort, ce qui lui vaudra d'être inquiété par les « gacaca », les tribunaux populaires mis en place pour juger... les génocidaires ! Le pasteur Gratien Mitsindo doit son salut aux témoignages des rescapés et à l'intervention in extremis des autorités. « Sans ça, c'était fini pour moi », confie-t-il.
Mais les ennuis ne s'arrêtent pas là. Les extrémistes hutus qui voudraient « finir le travail », selon leur expression, menacent l'homme de foi. « L'idéologie génocidaire est toujours là », reconnaît-il comme un aveu d'impuissance.
Pour toute récompense, outre la reconnaissance de ses protégés, le pasteur a reçu un certificat du mérite et ... une vache, cadeau d'une association rwandaise !