Un médecin rwandais accusé de génocide comparaît devant le tribunal de Versailles

Eugène Rwamucyo a comparu ce mercredi 2 juin 2010 devant la cour d’appel de Versailles pour son implication présumée dans le génocide de 1994. Le médecin rwandais avait été interpellé en région parisienne fin mai, une arrestation saluée par le président rwandais Paul Kagame lors du sommet franco-africain de Nice.

« Je suis médecin, je ne suis pas un assassin », a déclaré Eugène Rwamucyo. Il est visé par un mandat d'arrêt international émis par le Rwanda pour son implication présumée dans le génocide de 1994. La chambre d’instruction de la cour d’appel de Versailles devra évaluer, le 9 juin prochain, s’il sera ou non extradé. L’avocat général Jacques Hossaert a requis, ce mercredi, un supplément d’enquête, s’interrogeant sur le « caractère intangible de l’abolition de la peine de mort au Rwanda ».

Il faut noter que, jusqu’à présent, la justice française s’est toujours opposée aux demandes de Kigali, par trois fois exactement. Et, à chaque fois, elle a estimé que la justice rwandaise n’était pas à même de fournir un procès équitable aux présumés génocidaires.

Par ailleurs, Eugène Rwamucyo ne figure pas sur la liste du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui est loin d’avoir traité tous ses dossiers. On le voit donc mal accepter un nouveau cas. Et il n’est donc pas question que le médecin soit extradé vers Arusha en Tanzanie.

L’arrestation de ce médecin rwandais, en mai dernier, en région parisienne, a commencé par une remarque désobligeante du Docteur Rwamucyo à une infirmière, début octobre, à l’hôpital de Maubeuge, dans le nord de la France, où il exerçait. Quelques clics sur internet plus tard, l’infirmière découvre que son supérieur est sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la justice rwandaise. Les soupçons de génocide qui pèsent sur lui sont alors rendus publics.

Le médecin, entre temps licencié, s’est rendu ensuite en Belgique. Mais c’est, finalement, en région parisienne, dans un cimetière, à Sannois, qu’il est interpellé fin mai « dans des conditions ubuesques », aux dires de son avocat. Il assistait aux obsèques d’un autre Rwandais condamné par le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Eugène Rwamucyo, âgé de 51 ans, est par ailleurs visé par une information judiciaire à Paris depuis 2008, pour génocide et crimes contre l’humanité, après une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda.

Le président Paul Kagame du Rwanda qui a participé, à Nice, au Sommet Afrique-France, invité de nos confrères de France 24, a salué l'arrestation récente - par la police française - de ce médecin et celle de la veuve du président Habyarimana arrêtée en mars dernier. Paul Kagamé a estimé qu'ils doivent être jugés : « Il y a deux importants présumés génocidaires qui doivent absolument être jugés. Le fait qu'ils aient été arrêtés est une bonne chose. Ça a été long à venir à cause des relations difficiles qui existaient jusque-là entre nos deux pays. Mais désormais la nouvelle orientation des relations diplomatiques et notamment les relations entre le président français et moi-même ont permis de discuter non seulement de ces deux cas particuliers, mais plus généralement de tous ceux qui doivent être présentés devant la justice et jugés. Parmi ces présumés génocidaires, il y a ces deux cas emblématiques, mais on a évoqué la question de façon plus globale ».

Selon les Nations unies, environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués au cours du génocide rwandais, entre avril et juillet 1994.

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