C'est une première : deux juges français vont pouvoir enquêter à Kigali sur les lieux même de l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana. Un attentat présenté comme le déclencheur du génocide d'avril 1994.
Comme le reconnaît un avocat de la partie civile, une telle mission n'aurait pas pu avoir lieu à l'époque du juge Bruguière. Ce dernier chargé jusqu'en 2007 de ce dossier ultra-sensible avait placé ses soupçons sur le FPR (Front patriotique rwandais) du président Kagamé. En 2006, il émet des mandats d'arrêt contre des proches du pouvoir rwandais et recommande des poursuites contre le président Kagamé pour sa « participation présumée » à l’attentat. Résultat Kigali rompt ses relations diplomatiques avec la France et ouvre une contre-enquête qui met en cause Paris pour « son soutien au régime génocidaire ».
Depuis, de nouveau juges ont repris le dossier et les relations entre les deux pays se sont réchauffées. Le président Sarkozy s'est rendu au Rwanda en février dernier et un attaché militaire français vient d'être nommé à Kigali. C'est dans ce contexte que cette mission d'entraide judiciaire a lieu aujourd’hui.
Pour l'ambassadeur de France à Kigali, ce dossier semble prendre un nouveau départ. Du côté rwandais on se dit prêt à aider les magistrats français dans leur travail sur place. Les deux juges français envisagent une reconstitution des conditions du crash de l’appareil. Ils sont accompagnés d'une équipe d'experts qui devront tenter d'établir la trajectoire du Falcon 50, la nature des projectiles ou encore l'emplacement des tireurs. Leur rapport est attendu pour mars 2011.
Des avocats des parties civiles et de Rose Kabuye visée par un mandat d'arrêt international délivré par les juges français seront également du voyage.