Pour Muhammadu Buhari, il n’y a pas eu d’élection dans la région du delta du Niger (le sud pétrolifère), ni dans le sud-est du pays. « Dans ces zones », dit-il, ses partisans « n’ont pas été autorisés à voter ». Le candidat malheureux à la présidentielle a dénoncé de graves irrégularités sur les ondes de la radio, La Voix de l’Amérique, lors d’une émission en langue hausa.
Buhari s'est dit victime d'un trucage informatisé : « Si vous examinez les résultats qui nous sont attribués vous verrez qu'il s'agit quasiment des mêmes résultats qu'on nous avait attribués en 2003, ce qui signifie que les trucages étaient programmés cette fois-ci par des moyens technologiques sophistiqués ».
La commission électorale saisie
Buhari avait déjà affirmé avoir reçu des informations de fraude le jour même du scrutin, samedi 16 avril, évoquant des bourrages d’urnes et des mouvements nocturnes d’avions transportant des cartes électorales.
Les observateurs ont pourtant salué le bon déroulement global du scrutin par rapport aux précédentes élections. Mais Muhammadu Buhari a saisi la commission électorale. Il demande justice par voie légale et non par la violence. Il a d’ailleurs, une nouvelle fois, condamné les émeutes meurtrières qui ont éclaté dans le nord du pays :
« Ce n'est pas bien de permettre à des mécréants d'infiltrer vos rangs afin de perpétrer des exactions comme la destruction d'églises.Ce n'est pas la peine de préciser que ces actes sont pires que des élections frauduleuses. J'ai aussi reçu des informations selon lesquelles, parce qu'ils étaient frustrés, certains parmi vous, ont détruit leur carte d'électeur. C'est une faute grave qui ne va résoudre aucun de vos problèmes. Je vous prie de garder vos cartes et de sortir en masse mardi pour dire non à ceux qui vous oppriment et qui ont volé votre voix. Si vous ne faites pas ça, on pourra dire que vos efforts sont vains. »
Les autorités n’ont pas publié de bilan de ces troubles, notamment pour éviter des représailles. D’après l’organisation non gouvernementale Civil Rights Congress, plus de 200 personnes ont été tuées. De son côté, la Croix-Rouge nigériane a revu son bilan à la hausse et fait état de 400 blessés et de plus de 40 000 déplacés.