Avec notre correspondant à Londres, Adrien Moss
Ces « militaires expérimentés », comme les appelle le communiqué officiel annonçant leur départ, vont rejoindre une cellule de diplomates britanniques déjà en place dans cette place forte des insurgés. Cette dizaine de conseillers militaires seront armés mais ils ne seront pas en uniforme. Leur envoi à Benghazi est annoncé par le ministre des Affaires étrangères et non par le ministre de la Défense.
Une façon de dire qu'il ne s'agit pas là d'une escalade militaire. Un responsable britannique explique : « Nous n’apprenons pas aux rebelles comment attaquer mais comment ne pas être tués ». La Grande-Bretagne avait déjà livré aux insurgés des gilets pare-balles, des téléphones portables, du matériel de télécommunication.
Le ministre des Affaires étrangères, William Hague, répète qu’il n’y a pas de soldats combattant avec les rebelles : « Cette mission respecte le mandat donné par l’ONU pour la protection des civils. Le temps, dit-il, joue contre Kadhafi ».
La veille, Londres avait annoncé l’affrètement de navires charters pour évacuer des civils bloqués à Misrata, la troisième ville du pays, toujours sous le feu des forces gouvernementales. Mais après 2 800 raids des avions de l’Otan sur la Libye en cinq semaines, qui auraient détruit le tiers de son potentiel militaire, Kadhafi est toujours là.
Certaines critiques rappellent que l’enlisement américain au Vietnam avait commencé par l’envoi de conseillers militaires.
Le chef de l'opposition libyenne aujourd'hui à Paris
Le chef officiel de l'insurrection libyenne est attendu aujourd'hui à Paris où il sera reçu par Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Moustapha Abdeljalil était, hier mardi, en Italie. Selon le Conseil national de transition qu'il dirige depuis deux mois, la guerre civile en Libye a fait au moins 10 000 morts et 55 000 blessés.
Dans l'Ouest, à Misrata, l'organisation internationale pour les migrations prépare une troisième opération d'évacuation et le Programme alimentaire des Nations unies ouvre un couloir humanitaire. Un mois après le début de l'intervention internationale, le conflit entre l'armée de Mouammar Kadhafi et les rebelles s'enlise.
Misrata assiégé est toujours tenu par les rebelles mais à l'est, par contre, ils ne parviennent pas à avancer face à l'armée. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé maintient son opposition à un envoi de soldats au sol. Selon lui, la coalition doit se contenter d'une intervention aérienne.