Les grandes artères de Misrata sont jonchées de gravas, les murs présentent des impacts de mortiers, les hôpitaux sont engorgés de combattants blessés. Tirés à plus de 20 kilomètres, les missiles à sous-munitions déversent une pluie d'acier qui n'épargne pas les enfants. Postés sur des toits d'immeubles du centre, les snipers tuent aussi sans distinction.
Face à eux, les insurgés résistent, avec l'aide de l'Otan. Les blindés pro-Kadhafi sont souvent positionnés près des unités d'habitations, et compliquent la tâche de l'Alliance atlantique. Il n'empêche : ces sept derniers jours, l'Otan affirme avoir détruit quatorze tanks, un blindé de transport de troupes, un hélicoptère au sol, trois bunkers et quatre radars.
L'Otan a aussi déjoué une offensive des pro-Kadhafi sur le port, l'unique moyen de communication des insurgés avec le monde extérieur. Les chars encerclent la ville, qui vit sous perfusion grâce aux vivres des navires humanitaires. Il y a un véritable enjeu à Misrata.
Les insurgés veulent à tout prix conserver cette ville à deux cents kilomètres de Tripoli et prouver qu'à l'ouest aussi, on lutte contre Kadhafi. A l'inverse, si le vieux colonel parvient à reprendre la ville, il dominera toute la Tripolitaine et pourra réclamer une partition du pays.
La situation humanitaire se dégrade
Les Nations unies ont exigé la fin des attaques contre Misrata. C'est dans ce contexte que la Grande-Bretagne a promis d'évacuer par bateau plusieurs milliers de travailleurs étrangers bloqués sur le port de la ville. L'Organisation internationale des migrations a, elle, évacué mille migrants. Quatre mille autres attendent toujours. Ils vivent dans des situations très précaires.
L'ONU a quand même obtenu la promesse d'un couloir humanitaire vers la ville rebelle assiégée de Misrata. Tandis que deux émissaires onusiens ont été envoyés à Tripoli.