Avec nos envoyés spéciaux à Benghazi,
Pas d’accord donc mais on pouvait s’y attendre. Le Conseil national de la transition avait déjà posé ses conditions : pour le président du CNT, toute initiative qui ne comprendrait pas le départ de Mouammar Kadhafi et de sa famille n’est pas digne de considération. Pour les insurgés le maintien au pouvoir d’un Kadhafi père ou fils serait l’échec de la révolution mais le départ du colonel n’est pas inclus dans la feuille de route de l’Union africaine. La priorité de l’organisation panafricaine c’est en effet le cessez-le-feu immédiat et l’acheminement de l’aide humanitaire. Selon les médiateurs, la transition est une affaire libyenne ; elle doit se régler par le dialogue, pas par une action militaire et encore moins avec une intervention militaire étrangère.
Mais pour l’instant on assiste à un dialogue de sourds : à Benghazi il n’est pas question de compromis et la population reste très méfiante à l’égard des propositions de l’UA. Elle l’a fait savoir en manifestant toute la journée devant l’hôtel où se tenaient les discussions. A la sortie, les voitures de la délégation malienne ont été bloquées par la foule et le groupe a dû sortir par la petite porte.
A Bruxelles, l'Otan pose ses conditions au cessez-le-feu
Avec notre bureau de Bruxelles
Pour l’instant, l’Otan va poursuivre ses opérations aériennes en Libye et au même rythme. Depuis la mise en place de la commission pour la zone d’exclusion aérienne puis la reprise du commandement par l’Alliance atlantique, plus de 1 500 sorties aériennes ont eu lieu. Les militaires vont continuer à effectuer des frappes partout où les civils sont menacés et la proposition de cessez-le-feu n’y change rien.
Selon le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, nombre de cessez-le-feu déjà annoncés par Mouammar Kadhafi n’ont pas été appliqués. Le chef politique de l’Alliance met trois conditions pour accepter celui-ci : d’abord qu’il soit crédible et qu’il inclut une protection efficace de la population, ensuite qu’il puisse être contrôlé et supervisé et enfin qu’il ouvre un processus politique qui satisfasse les revendications de la population, c'est-à-dire aussi les insurgés.
Pendant ce temps là, l’Otan annonce qu’elle concentre les frappes sur la région de Misrata et d’Ajdabiya où, selon les militaires, les forces kadhafistes se cachent près des écoles et des mosquées, un comportement « hautement irresponsable » selon l’Otan.