Des combats étaient signalés, ce 5 avril en milieu de matinée, dans le quartier de Cocody, où se trouve la résidence du président Gbagbo et l'école de la gendarmerie ivoirienne. Après l'offensive aérienne, de l'ONUCI et de la Force Licorne, les combats se déroulent désormais dans les rues d'Abidjan, à la kalachnikov. Les combats de rue entre forces pro-Gbagbo et forces pro-Ouattara ont gagné plusieurs quartiers d'Abidjan depuis le petit matin. Les quartiers Adjamé, Plateau et Cocody étaient particulièrement concernés par ces affrontements qui ont laissé les populations civiles terrées chez elles. Des témoignages rapportent de lourdes détonations aux abords de l'école de gendarmerie de la résidence du chef de l'Etat et du palais présidentiel.
Le porte-parole de Laurent Gabgbo affirme pour sa part que les forces favorables au président sortant contrôlent toujours le palais présidentiel. Quant aux deux ponts d'Abidjan qui relient les quartiers nord aux quartiers sud de la lagune, on les disait hier contrôlés par les forces pro-Gbabo. Ce matin, l'ONU assure qu'elle en a le contrôle, ce qui pourrait faciliter l'évacuation des populations souhaitant quitter les quartiers chauds de Cocody et du Plateau. Les habitants d'Abidjan, surtout ceux des quartiers nord ont passé une sale nuit dans un vacarme de bombardement et de combats à la kalachnikov. Hier soir ce sont les hélicoptères de l’Onuci et de la force Licorne qui ont bombardé les zones militaires.
L'Onuci a pilonné les deux camps Akouédo en fin d'après-midi. Simultanément les hélicoptères de Licorne se sont engagés pour taper sur le camp d'Agban et sur d'autres sites stratégiques avec pour objectif de détruire les armes lourdes du camp Gbagbo « qui ont été utilisées ces derniers jours contre les civils et les casques bleus », selon le porte-parole de l'état-major français qui précise que de nombreux véhicules blindés et des armes lourdes ont été détruits ainsi que des installation de la RTI (Radio télévision ivoirienne). Les témoignages des civils qui vivent aux abords de ces camps militaires sont éloquents. Ce matin ils parlent d'obus qui ont détruit leur maison, des toits et de murs cassés et des populations totalement terrorisées.
Hier l'Onu a justifié cette intervention militaire en application de la résolution 1975 du Conseil de sécurité adoptée à l'unanimité le 30 mars. Concernant le bilan humain de cet assaut militaire, il est encore difficile d'évaluer le nombre de victimes.
Le dispositif de l'Onu et de la France
La France affirme qu'elle n'a pas engagé de troupes au sol et que ses hélicoptères n'ont pas mené de nouvelles attaques dans la matinée de ce 5 avril. L'armée française est, officiellement, intervenue « en soutien aux Nations unies ». Ce matin, on apprend qu'un gendarme du GIGN (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) assurant la protection de la résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan a été blessé à la cuisse par des éclats.
Cette nuit ce sont des hélicoptères d'attaque MI 24 aux couleurs des Nations unies et qui seraient pilotés par des militaires ukrainiens, sous mandat de l'Onu, qui ont frappé le camp d'Akouédo. Le camp d'Agban a également été visé et les Français auraient détruit les batteries lourdes des FDS (Forces de défense et de sécurité) fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, stationnées dans les quartiers de Cocody et du Plateau.
La France dispose sur place d'une dizaine d'hélicoptères dont des « Gazelles-Viviane », des appareils équipés d'un puissant système de visée et pouvant tirer des missiles antichars « HOT ». Selon nos sources, cette nuit, 24 missiles de ce type auraient été tirés ! Une autre version de cet hélicoptère, la « Gazelle-canon » a également été utilisée. Ces hélicoptères sont équipés d'un canon de 20 mm et leurs équipages connaissent très bien le secteur d’Abidjan, et ont l'habitude d'opérer de nuit, avec des jumelles de vision nocturne (JVN).
Le dispositif français se compose donc d’hélicoptères légers, spécialisés dans l'appui des troupes au sol, mais aussi d’ hélicoptères de manœuvre « Puma » qui pourraient participer aux évacuations de ressortissants si la situation empirait. Toujours selon nos sources d’autres « Puma » en provenance de Libreville au Gabon, ou se trouve la principale base permanente de l’armée française en Afrique, (FFG) pourraient rejoindre la Côte d’Ivoire.