Des chars éventrés, des canons d'artilleries calcinés, des cadavres de combattants pro-Kadhafi, et des colonnes de fumée noire... Voilà ce qu'a vu Patrick Baz, journaliste à l'Agence France Presse, ce matin, à une trentaine de km à l'ouest de Benghazi. Les dizaines de véhicules militaires des forces loyales au guide libyen qui stationnaient là ont été pilonnés à l'aube par des avions français. Ce sont eux qui avaient bombardé le fief des insurgés hier matin, faisant plus de 100 morts selon l'hôpital de Benghazi.
Bombardiers furtifs B-2
L'intervention de la coalition a donc commencé samedi après midi, avec des raids de l'aviation française et une centaine de missiles tirés dans la soirée par des navires américains et britanniques. Elle a repris ce dimanche matin : 19 avions américains, dont des bombardiers furtifs B-2, ces avions en forme d'aile ont attaqué à l'aube des terrains d'aviation et les systèmes de défense anti-aérienne libyens.
Un bombardement a même visé Tripoli dans la nuit, et la défense anti aérienne est entrée en action, notamment depuis la résidence de Mouammar Kadhafi.
Kadhafi prédit une longue guerre
Le porte-avions français Charles de Gaulle a de son côté quitté vers 13h00 (heure française) le port de Toulon pour les côtes libyennes. Arrivée prévue d'ici 36 à 48h, avec une quinzaine d'avions de chasse. D'autres pays proposent leurs services. L'Italie met à disposition huit avions. La Belgique prépare six F-16 pour demain lundi.
Mouammar Kadhafi de son côté prédit une longue guerre. Dans un message sonore, le guide libyen dit ceci : « Nous ne nous replierons pas du champ de bataille, car nous défendrons notre terre et notre dignité ». Selon l'agence officielle Jana, il aurait entrepris de distribuer des armes à plus d'un million de personnes dans les prochaines heures.
Côté britannique, on se félicite aussi du succès des opérations militaires.
Avec notre correspondant à Londres, Adrien Moss
A Londres aussi, on est extrêmement satisfait de ces premières frappes aériennes. Les tirs des chasseurs Tornado, qui étaient partis de leur base dans l’est de l’Angleterre, ont été très précis, à un ou deux mètres près, selon un responsable militaire.
Le ministre de la Défense, Liam Fox, a qualifié ce matin de « propagande » les informations données par la Libye selon lesquelles ces frappes auraient fait des victimes. Il a rappelé les règles de l’intervention : il ne s’agit pas d’une opération de l’Otan, mais d’une mission de l’ONU avec la participation de pays volontaires ; il ne s’agit pas d’une attaque contre les Arabes, mais d’une opération de défense du peuple libyen.
« Nous ne voulons pas imposer un changement de régime »
Liam Fox a d’ailleurs fait état de réactions très positives de pays arabes prêts à participer aux opérations. « Nous ne voulons pas, a-t-il souligné, imposer un changement de régime, mais enlever à Kadhafi le contrôle de son arsenal pour l‘empêcher de terroriser son peuple ».
Les quatre avions Tornado, qui avaient participé à ces premières frappes, étaient partis de leur base dans l’est de l’Angleterre où ils étaient revenus après un vol de 4 500 kilomètres, qui avait duré huit heures. Et ces avions vont maintenant opérer à partir d’une base du sud de l’Italie.
Le ministre de la Défense ne s’est pas prononcé sur la durée des opérations : « aussi longtemps qu’il le faudra pour empêcher Kadhafi de nuire », a-t-il simplement précisé.