Avec notre envoyé spécial à Benghazi,
Les forces militaires de Benghazi n’ont pas l’intention pour le moment de mener une opération sur Tripoli pour renverser Mouammar Kadhafi, mais elles n’excluent rien. « Pour le moment, nous réorganisons nos troupes », a indiqué le général Abdul Nafa Musa, la cinquantaine.
Il faut savoir que ces trois dernières décennies, de nombreuses tentatives de putsch contre Kadhafi ont été menées à partir de bases militaires de la région de Benghazi. Le général par ailleurs ne redoute pas de frappes aériennes sur Benghazi, la deuxième ville du pays.
« Les milices et les forces spéciales de Kadhafi ont utilisé des roquettes RPG et des armes prévues normalement pour abattre des avions contre des civils », a également accusé le général. Il s’adressait à une trentaine de journalistes internationaux qui avaient pu gagner la base militaire grâce à un convoi mis sur pied de façon assez laborieuse.
Enfin, le général a tenu à faire cette mise au point : la révolution du 17 février a été menée par des civils, par des jeunes. Les militaires ne sont là qu’en appui. Le général espère donc que les insurgés civils à l’ouest, à Tripoli, viendront à bout du régime Kadhafi.
Deuxième mise au point, ce n’est pas la révolution d’une tribu, ce n’est pas non plus l’œuvre de fondamentalistes musulmans et le général a ajouté : « vous savez que les islamistes sont très nombreux, très influents dans la région de Benghazi ».
La ville de Benghazi est contrôlée par les manifestants depuis une semaine. Mais qui dirige réellement la ville ?
Le général Abdul Nafa Musa a indiqué que ses unités étaient en contact permanent avec les autorités civiles. Le problème, c’est qu’on ne sait pas vraiment de quelles autorités il parle exactement. La situation est pour le moins confuse à Benghazi. On peut parler de vide, de flottements en tous les cas. Il a par ailleurs évoqué une coalition entre les civils et les militaires alors que dehors, pendant la conférence de presse, ses hommes faisaient le V de la victoire, hurlaient des slogans hostiles à Kadhafi des roquettes dans la main. D’autres à côté s’amusaient à tirer en l’air avec des armes légères, mais aussi avec de l’artillerie lourde.