Libye : le colonel Kadhafi est aux abois

Au 12e jour de la «Révolution libyenne», l'étau se resserre autour de Mouammar Kadhafi. Les insurgés semblent contrôler désormais la région pétrolifère de l'ouest de la Libye. La 3e ville du pays, Misrata, est tombée. Le Guide libyen est apparu en public le 25 février à Tripoli devant une foule de partisans réunis dans le centre de la ville. «Nous allons nous battre et nous les vaincrons» a t il lancé, appelant ses partisans à prendre les armes. Mais Tripoli, le dernier rempart pour le colonel Kadhafi, commence à bouger.

Selon des témoins, certains quartiers de la capitale échappaient au contrôle du régime. Des affrontements entre partisans du Guide et opposants ont été évoqués par des chaines de télévision. Les forces de l'ordre auraient ouvert le feu sur les opposants on parle de plusieurs morts.

Le Guide a cependant fait une apparition en public aux abords de la Place Verte devant plusieurs centaines de partisans. Il les a appelés à prendre les armes contre les manifestants pour défendre la Libye. « S'il le faut, nous ouvrirons les dépôts d'armes pour armer tout le peuple libyen. Que la Libye se transforme en feu, en braises ». Le peuple libyen aime Kadhafi? a-t-il affirmé. Pendant ce temps, Khadafi est lâché par les siens. Après Khadaf al Dam, cousin et personnalité clé du régime, c'est autour des ambassadeurs libyens respectivement à l'ONU en France et à l'Unesco. En France, Salah Zaren et Abdul Salam Galali « rejoignent la révolution ». Ils l'ont annoncé aux manifestants devant l'ambassade de Libye à Paris : 

 

Sur le terrain, d'autres villes et d'autres régions poursuivaient leur défection au régime. C'est le cas de Musrata à l'Est de Tripoli. Cette ville aurait été désertée par les forces loyales. Des affrontements et de nombreux morts seraient signalés sur une base aérienne à proximité.

A Tobrouk dans la région de Benghazi, les combats se sont calmés et plusieurs centaines de personnes ont brandis des drapeaux de la monarchie du roi Idris Senoussi en scandant des slogans «Libye Libre, Kadhafi dehors».

A Benghazi, l’heure est à la réorganisation. Des opposants ont formé un conseil municipal pour rétablir l'ordre et remettre en route les services publics. Mais selon MSF la situation est critique pour les blessés à Benghazi qui manquent de soins MSF estime que la priorité absolue est l'acheminement de médecins et de matériel médical sur place. Selon un diplomate libyen à l'ONU à New York , les morts se comptent désormais par milliers et non par centaines. Quant aux étrangers ? ils continuent à fuir en masse la Libye.

Pour Mouammar Kadhafi, pas question de chuter un vendredi, comme Hosni Moubarak et Zine El Abidine Ben Ali. D'où ce déploiement de forces de sécurité autour de certaines mosquées de la ville à l'occasion de la prière d'hier. Un habitant de Tripoli évoque des tirs à la sortie de plusieurs mosquées, notamment du centre ville, mais il évoque aussi « un calme inquiétant, comme avant l'orage ».

Au poste frontière de Ras Jdir entre la Libye et la Tunisie, les rapatriés témoignent.  Cette Tunisienne qui a fui, hier après-midi, Zahouia, à l’Ouest de Tripoli, une ville où depuis plusieurs jours il y a des affrontements, parle de boucherie. 

Situation humanitaire catastrophique

La Libye fait face à une situation humanitaire « castastrophique » selon le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni. Une situation difficile pour les ONG, les risques pour leurs membres étant considérables. Malgré cela, plusieurs sont déjà sur place comme le Comité international de la Croix-Rouge. Et, selon son porte-parole Frédéric Joly, la situation est cahotique et volatile, et le travail humanitaire est gigantesque. 

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