Libye : les entreprises chinoises découvrent la notion de « risque politique » dans les affaires

Peut-être encore plus qu’ailleurs, vu le nombre de ressortissants qui rentrent au pays, les télévisions chinoises donnent une large place ce vendredi 25 février 2011 aux témoignages des Chinois pris dans la tourmente des affrontements en Libye. On parle de plus de 30 000 Chinois qui travaillaient sur le territoire libyen. Des témoignages et une prise de conscience. Les entreprises chinoises, très nombreuses, en Afrique découvrent la notion de « risque politique » dans les affaires. 

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

La Chine investit, la Chine aide au développement mais ne se mêle pas de politique. Jusqu’à la crise libyenne, le crédo était servi à chaque déplacement d’un responsable politique chinois en Afrique.

Aujourd'hui, les choses ont changé. Le milieu des affaires devra forcément réagir, affirme Zheng Wei, directeur du département management du risque à la Beijing School of Economics de l’Université de Pékin : « Les entreprises chinoises se sont longtemps concentrées sur les seuls risques commerciaux. On prenait en compte, par exemple, les capacités de remboursement de nos partenaires. Mais on ne faisait pas attention au contexte politique. »

Vols sur des chantiers, véhicules incendiés, sites pétroliers attaqués... Selon le ministère chinois du Commerce, une trentaine de sites et d’entreprises chinoises en Libye ont été victimes de pillages. « Au moins 30 000 de nos ressortissants travaillaient sur des projets dans le pays », affirme la chaîne CCTV, pour la plupart dans le pétrole, les télécommunications, les chemins de fer et notamment les 810 kilomètres nord-sud reliant la Méditerranée au désert libyen.

« L’Afrique a une longue histoire et elle continuera à être un marché très porteur. Cela dit, c’est en connaissant tous les risques, que les entreprises devront investir », affirme le professeur Zheng.

En 2009, la Chine est devenue le premier investisseur en Afrique. Le commerce entre Tripoli et Pékin a atteint près de 4,8 milliards d’euros l'an passé. 3 % du pétrole importé en Chine provenait de Libye.

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