«Journée du départ» pour l’opposition égyptienne

C’est la 11e journée de contestation en Egypte et l’opposition a bien l’intention de faire de ce vendredi 4 février 2011, la « journée du départ », celui du président Hosni Moubarak. Une opposition qui espère une nouvelle fois réunir un million de personnes dans les rues juste après la traditionnelle prière du vendredi comme lors de la mobilisation du 1er février. Mais après les violences de ces derniers jours, les craintes sont vives au Caire.

Avec notre envoyée spéciale au Caire,

C’est une nouvelle journée à haut risque en Egypte. Deux mots d’ordre se sont affrontés sur facebook dans cette perspective. Avec d’un côté, ceux qui veulent que ce soit, comme ils le disent, la « journée du départ ». Celui de Moubarak. Ils sont plus ou moins politisés, chrétiens ou musulmans. Et ils appellent à une prière qui soit la même dans les églises ou bien dans les mosquées.

Dans le camp adverse, en revanche, l’appel à cesser les affrontements ressemble plutôt à une mise en garde. C’est aussi très clairement la position de Moubarak : moi ou le chaos, c’est ce qu’il a répété jeudi soir en brandissant une fois de plus le spectre d’une arrivée au pouvoir des Frères musulmans.

Sur la place Tahrir, où va se jouer un acte important ce vendredi, les partisans du régime sont entrés en scène ces derniers jours. En particulier pour intimider et même pour donner la chasse aux journalistes étrangers. Un homme a même était battu à mort.

L’objectif est visiblement de tirer le rideau sur un huis clos à haut risque. Pour autant, cette journée de bras de fer pourrait ne pas être décisive.

Un régime qui prépare déjà l’après-Moubarak

Pour le pouvoir, la contestation est le fruit d’un complot international qui aurait mêlé successivement islamistes, Israéliens et Occidentaux. En même temps, les Frères musulmans ont été invités à dialoguer. Ils ont refusé et posent toujours en préalable le départ d’Hosni Moubarak.

Le régime espère lui survivre et comme l’a souligné le tout nouveau vice-président Omar Souleimane, les futurs candidats à la succession du président devront remplir des conditions très précises. C’est déjà le cas avec des textes qui interdisent l’entrée en lice d’un postulant qui n’appartiendrait pas au sérail.

Quant à changer la Constitution et à mettre en route une transition, comme le demande l’opposition, le chemin est semé d’embûches. En gage, le nouveau gouvernement d’Ahmed Chafik vient de mettre en résidence surveillée une demi-douzaine d’affairistes, parmi lesquels le secrétaire général du parti présidentiel.

Mais cela n’a pas convaincu l’opposition qui a formé des comités représentatifs pour prendre des décisions collectives. Et c’est finalement dans la rue que la jeunesse égyptienne est en train de se politiser.

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