Avec notre envoyée spéciale à l'aéroport de Tunis,
« Dieu est grand », scande la foule. Les organisateurs ont beau encourager les slogans nationalistes, rien à faire, c’est celui-là qui l’emporte. Et puis c’est l’hystérie collective, la cohue, Rached Ghannouchi vient d’arriver. Il est invisible, entouré par une dizaine d’armoires à glace avec casquettes blanches, et disparaît dans une foule en délire.
Au moins trois mille personnes sont là, qui sont venues assister à ce qui ressemble au retour du Messie. Les gens se poussent, se piétinent presque, pour tenter d’approcher celui qui était en exil depuis vingt-deux ans.
Dehors, finalement Rached Ghannouchi s’adresse à la foule. Il remercie les Martyrs de la Révolution d’abord, salue la révolution en cours en Egypte et rappelle qu’il est pour la liberté avant tout.
La liberté, c’est le mot qui revient le plus souvent parmi les gens qui ont fait le déplacement ce dimanche ; des hommes, beaucoup de femmes aussi qui portent le voile, venus de tout le pays. Ils sont un peu sur la défensive : « Nous ne sommes pas des terroristes, hurle une femme, on ne nous impose pas de porter le hijab ».
Rares sont ceux qui avouent espérer le retour de la loi islamique en Tunisie. La plupart disent seulement vouloir vivre en tant que musulman, avoir la liberté de s’exprimer et de s’inscrire dans le processus de transition démocratique. « Il y a de la place pour tout le monde dans ce pays, dit une femme, et aussi pour un parti islamiste ».