Au lendemain de l’intervention musclée de la police, l'esplanade de la Kasbah était totalement bouclée ce samedi par des militaires. Le centre-ville, notamment l'avenue Habib Bourguiba, a repris un aspect normal, même si de petits groupes de manifestants continuent de se faire entendre dénonçant notamment la brutalité de l’évacuation devant le siège de la puissante centrale syndicale UGTT. Le gouvernement de transition n'aurait donné « aucun ordre d'évacuation », c'est ce qu'affirme Mokhtar Jalleli, ministre de l'Agriculture et de l'Environnement, originaire de Sidi Bouzid, la ville frondeuse du centre-ouest qui a donné le coup d'envoi de la révolution tunisienne.
Ailleurs dans la capitale aucune tension n’était palpable, et c’est plutôt un sentiment de soulagement mêlé d’un certain ras-le-bol, chez les commerçants surtout, qui est perceptible, deux semaines après la chute du régime du président Ben Ali.
Transition démocratique et relance économique
Dans une interview télévisée, vendredi soir, le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi, dont les manifestants réclamaient le départ jusqu’à leur dispersion vendredi par la police, a fixé le cap de sa nouvelle équipe : transition démocratique et relance économique.
Mohammed Ghannouchi a expliqué que « toutes les parties, qu'il s'agisse de partis politiques, société civile, sensibilités politiques, compétences ou universitaires » ont été concertées pour la mise en place du gouvernement provisoire.
Et samedi, depuis le Forum économique mondial (Wef) à Davos, des responsables tunisiens ont invité investisseurs et touristes à revenir en Tunisie. La situation est économiquement « sous contrôle » a déclaré Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale.