Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
En Arabie Saoudite, 65 % de la population est âgée de moins de 25 ans. Mohamed et Saoud, ont tous deux 23 ans. Ils sont étudiants en langue française. Leur ambition : devenir traducteur et voyager. Ils s’intéressent à la politique, et les évènements qui secouent la Tunisie et l’Egypte les interpellent. Mais ils estiment que la population saoudienne ne pourra jamais se soulever à l’instar des Tunisiens ou des Egyptiens :
« Je pense que la situation en Tunisie et en Egypte est un peu différente de la situation en Arabie Saoudite. Ce sont deux systèmes politiques différents. Ce qui se passe en Tunisie et en Egypte, ce n’est pas des manifestants, ce sont des révolutionnaires. Ils ont attendu je pense très très longtemps et maintenant on voit les résultats et les conséquences ».
Depuis quinze jours, Zine el-Abidine Ben Ali et sa famille sont en exil en Arabie Saoudite. Les autorités saoudiennes ont offert à l’ancien président tunisien un refuge pour une durée indéterminée. Nos deux jeunes Saoudiens, Mohamed et Saoud, saluent le geste généreux du roi Abdallah. Le problème, c’est que Saoud perd tous ses amis tunisiens. Il le constate sur Facebook : « J’ai communiqué avec des étudiants tunisiens sur Facebook. Il y en a un qui m’a fait le reproche: pourquoi un pays arabe comme l’Arabie Saoudite a-t-il accepté d'accueillir Ben Ali ? Il y en a certains qui m’insultent. Il y en a aussi un qui m’a enlevé de la liste de ses amis ».
Saoud et Mohamed se considèrent comme des libéraux. Ils font partie de cette jeunesse saoudienne privilégiée qui a la chance de voyager et de s’immerger dans des sociétés différentes de la leur. Ils ont beau reprocher aux autorités le manque de liberté, l’absence de loisirs, de cinéma, de ne pas pouvoir fréquenter des petites copines avant le mariage, la non-mixité, ce n’est pourtant pas demain qu’ils vont descendre dans la rue pour manifester. Ils avouent respecter le roi Abdallah et le vénérer.