C’est un président à la fois agité et affecté en apparence qui s’est exprimé le 13 janvier en dialecte tunisien. Le ton est nouveau, reconnaît l’opposant Mustapha Benjaffar qui attendait ce genre de discours.au parfum d’ouverture démocratique depuis 20 ans. Zine el-Abidine Ben Ali a joué la carte de la repentance : « il y a eu des erreurs, il y a eu des morts pour rien ».
Une façon de justifier le limogeage du ministre de l’Intérieur, qui selon certains experts, joue le rôle de fusible dans ce dossier.
Le chef de l’Etat a annoncé des mesures inédites et auxquelles certains ont du mal à croire tant le pays était verrouillé jusque là. Des mesures telles que la liberté totale des médias et d’internet, liberté dans le respect des valeurs tunisiennes. Une nuance qui demande à être éclaircie.
Comme réponse à tous ceux qui demandent son départ dans la rue depuis des jours, il a promis de ne pas changer la Constitution et donc de partir en 2014 à la fin de son mandat. Là aussi, il s’agit d’un engagement fort. La question est maintenant de savoir si ces promesses ne viennent pas trop tard.
Jeudi, la principale centrale syndicale s’est félicitée de l’offre de dialogue et des baisses de prix, annoncée. L’UGTT (l'Union générale tunisienne du travail) attend maintenant des actes, tout comme le PDP (Parti démocratique progressiste), un des principaux partis d’opposition, qui réclame la mise en place d’un gouvernement pluriel.
Au moment où le président Ben Ali prononçait son discours, deux civils ont été tués par la police à Kairouan, dans le centre du pays. Un bilan communiqué par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme fai état de 66 morts depuis le début des troubles mi-décembre.