Il y a eu beaucoup de violence ce jeudi 13 janvier dans la capitale tunisienne. Une centaine de personnes se sont massées pacifiquement d’abord autour de l’avenue de la Liberté -quartier du Passage- pour demander le départ du président Ben Ali. Mais très vite la situation a dégénéré: des manifestants ont arraché les drapeaux du commissariat le plus proche, la police s’est déployée, à moto, en voiture et à pied, aidée par des hommes en civils, armés de bâtons et de boucliers.
Les bombes lacrymogènes ont alors fusées, sur les jeunes puis sur tous les attroupements suspects, les manifestants ont répliqué par des jets de pierre. Il y a eu des tirs à balles réelles et au moins un mort. L’affrontement a duré plusieurs heures. Dans le quartier tous les passants avaient les yeux rougis par le gaz, un mouchoir sur le visage, ils étaient parfois en pleurs, mais surtout très en colère devant la répression, insultant les forces de police, à voix haute, sans aucune peur apparente.
La grande avenue Bourguiba bordée d’arbres, et habituellement de terrasses, est déserte depuis la mi-journée. Tous les commerces ont baissé leur rideau de fer. Seuls des hommes vont et viennent, dans une atmosphère pesante.
Ce jeudi soir on nous signale aussi des affrontements dans la banlieue nord entre des jeunes et l’armée. Et comme hier ils pourraient se poursuivre après le couvre-feu qui débute à 20h.
Tout le monde attend ici maintenant le discours du président Ben Ali qui doit s’exprimer pour la troisième fois depuis le début des événements, la quatrième fois même si on compte ses vœux à la nation, avec une question : que peut-il annoncer de plus que ce qu’il a déjà promis ?