Tunisie : la capitale quadrillée par les forces spéciales

L'armée tunisienne s'est retirée jeudi 13 janvier de la capitale où elle s'était déployée 24 heures auparavant, laissant la place aux forces spéciales de la police. La nuit dernière, première nuit de couvre-feu, les affrontements dans une banlieue ont fait huit nouveaux morts, selon une organisation de défense des droits de l'homme qui fait état de 66 morts dans tout le pays depuis la mi-décembre.

A Tunis, c’est à la fois calme et électrique. Les magasins en centre-ville par exemple ont rouverts, l’activité continue. Mais à l’entrée du souk, en plein centre-ville, on signalait à la mi-journée un début de manifestation réprimée par la police à coups de gaz lacrymogène.

La situation est très mouvante et évolue vite. Officiellement, l’armée s’est retirée du centre-ville ce matin et a été remplacée par des unités spéciales, des unités qui ne sont pas moins visibles et qui quadrillent littéralement la ville. Il y a par exemple depuis ce matin, en haut de l’avenue Bourguiba, un blindé posté.

Pourquoi cette décision de retirer l’armée ? Toutes les rumeurs circulent à ce sujet. Beaucoup parlent en fait d’une scission au sein des forces de l’ordre. En fait, l’armée se refuserait à réprimer les manifestants avec des tirs, contrairement à la police sous les ordres du ministère de l’Intérieur. Evidemment cette information n’est pas confirmée officiellement.

La colère gronde

On peut le dire, en banlieue de Tunis le couvre-feu a littéralement volé en éclats. A Ettadhamen ce matin, la banlieue à la fois la plus peuplée et la plus pauvre, mais aussi la plus explosive, les traces des émeutes étaient visibles absolument partout : des pierres, des débris de verre, des carcasses de voitures calcinées. Il y avait aussi de la fumée qui s’élevait encore ce matin de commerces incendiés, des banques notamment.

Mais plus grave, dans le quartier où l’envoyée spéciale de RFI s’est rendue, il y aurait eu deux morts tués par la police et deux blessés par balles. Notre journaliste s’est également rendue dans la famille d’une de ces victimes. Les gens sont très choqués puisque, selon des témoins, le jeune Magid Nasri a été tué d’une balle dans la tête alors qu’il rentrait chez lui avant le couvre-feu. Donc ici, la colère gronde : des jeunes se sont attaqués au poste de police juste à côté de la maison et l’ont entièrement détruit.
 

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