Le Maroc joue un peu le rôle de joker dans la région. Le royaume est présent sur le front de la lutte contre al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) mais de façon très discrète. Car si l’Algérie a fait le choix d’une approche militaire dans sa lutte contre ce mouvement terrorisme, le royaume chérifien croit plutôt à l’efficacité du renseignement.
Comme l’analyse le spécialiste des mouvements islamistes Mohamed Darif, selon le Maroc, il est plus efficace de faire jouer des coopérations sur la collecte d’informations plutôt que de lancer des attaques contre un mouvement éparpillé sur une zone immense comme l’est Aqmi.
D’ailleurs, comme par hasard lors de la libération en août dernier des deux otages espagnols retenus au Mali, le ministre espagnol de l’Intérieur n’avait pas manqué de remercier le Maroc pour son assistance, comprenez pour ses renseignements.
Mais le royaume chérifien est doublement intéressé par une lutte efficace contre Aqmi car il y livre une bataille très personnelle, celle de sa souveraineté sur le Sahara occidental, un territoire non attribué qu’il administre de facto depuis 1975.
Pour Rabat, le fait qu’Aqmi n’ait encore jamais perpétré d’attaques sur les quelque 250 000 m² du Sahara qu’il contrôle est la preuve même qu’il doit garder la souveraineté sur ce territoire plutôt que d’en faire un petit Etat indépendant et potentiellement faible.