En reprenant le programme de réhabilitation des ex-rebelles du sud pétrolifère du pays, le président Goodluck Jonathan honore avant tout une promesse. Dans sa toute première déclaration de chef de l'Etat, il avait déclaré que le gouvernement fédéral allait prendre toutes les mesures pour consolider les bénéfices de l'amnistie.
Il faut dire que le programme de réhabilitation des ex-rebelles était dans l'impasse, car les enlèvements n'ont jamais cessé. Les attaques d'oléoducs et les menaces contre le secteur pétrolier non plus. De 2006 à 2009, la région pétrolifère du Nigeria a été le théâtre de violences récurrentes, menées par des groupes armés affirmant lutter pour une meilleure répartition de la manne pétrolière. Les négociations avec les mouvements rebelles sont suspendues depuis le décès de l'ancien président Umaru Yar'Adua. C'est lui, l'ancien président qui avait offert une amnistie assortie d'un programme de réinsertion aux groupes armés du delta du Niger. Ces groupes, en trois ans, avaient réussi à faire chuter d'un tiers la production pétrolière du Nigéria.
Aujourd'hui, le programme post-amnistie est en panne et aucun centre de réinsertion ne fonctionne réellement. Le président Goodluck Jonathan en a pris la mesure. Mais il devra démontrer tous ses talents de négociateur dans ce dossier ultra-sensible que pilotait personnellement son prédécesseur. Car Goodluck Jonathan, tout vice-président qu'il était et même originaire du Delta, n'avait jamais été associé aux négociations avec les rebelles.