Même si le supporter français de base salive déjà à l’idée d’un possible France-Allemagne en quart de finale vendredi prochain au Maracana, du côté des Bleus – Didier Deschamps en tête – on refuse de se projeter aussi loin. Croire que le Nigeria sera un adversaire facile à manœuvrer après les belles envolées bleues face au Honduras et à la Suisse serait une erreur. Si l’on consulte les stats, déjà, on s’aperçoit que la seule fois où les Coqs se sont frottés aux Aigles, ils se sont fait plumer. Les optimistes diront que c’est anecdotique, les pessimistes que c’est révélateur.
Montés en puissance
C’était en juin 2009 en amical à Saint-Etienne, un soir où Loïc Rémy étrennait sa première sélection et où Peter Odemwingie ainsi que les frères Uche avaient fait souffrir la charnière centrale Squilacci-Escudé, la France s’inclinant 1-0, une rencontre qui fut aussi – pour mémoire - la dernière des 107 disputées par Patrick Vieira sous le maillot de l'équipe de France. Depuis, cinq ans ont passé, une éternité en football. Côté français seuls Karim Benzema et Patrice Evra seront encore sur le terrain au coup d’envoi ce lundi à Brasilia face à Odemwingie et Vincent Enyeama, les deux seuls rescapés de ce match amical de Saint-Etienne côté nigérian.
Voilà pour les souvenirs mais si la France de 2014 n’a (heureusement pour elle) plus rien à voir avec celle de 2009, il en va de même de cette équipe du Nigeria. Habitués des phases finales, même s’ils n’y ont pas particulièrement brillé depuis leurs campagnes 1994 et 1998 (deux fois huitièmes de finalistes ces années-là), les hommes de Stephen Keshi s’avancent avec un joli titre de champion d’Afrique 2013 en sautoir et quelques certitudes acquises lors d’un 1er tour durant lequel ils sont montés en puissance après un insipide 0-0 face à l’Iran.
Vainqueurs de la Bosnie 1-0 dans un match où Emmanuel Emenike a fait tourner Emir Spahic en bourrique et où Vincent Enyeama a rappelé qu’il n’avait pas été élu meilleur gardien de Ligue 1 pour rien, ils ont surpris les Argentins par leur capacité de réaction, revenant deux fois au score par l’intermédiaire du jeune Ahmed Musa (21 ans, CSKA Moscou) avant de s’incliner 3-2 devant la bande à Messi.
Rapidité, puissance athlétique et habitude des grandes compétitions telles sont les qualités premières de ce groupe composé de joueurs d’expérience comme le gardien Enyeama (Lille), le défenseur Joseph Yobo (Norwich), le milieu Obi Mikel (Chelsea), le virevoltant Odemwingie (Stoke City) et le robuste Emenike (Fenerbahçe), cinq piliers alliés à des plus jeunes comme le prometteur milieu Ogenyi Onazi (21 ans, Lazio Rome) et donc l’attaquant Ahmed Musa qui faisait partie de l’équipe du Nigeria sortie en quarts de finale du Mondial des moins de 20 ans en 2011 par la France d’un certain Antoine Griezmann.
Un bon groupe
Alors bien sûr, l’affaire de l’entraînement « oublié » de vendredi soir pour cause de négociation des primes jette un peu de discrédit sur cette équipe. Rien ne dit cependant que cet épisode n’a pas un peu plus soudé le groupe. Côté effectif, le temps est au beau fixe ou presque si ce n’est l’absence certaine de l’attaquant Michael Babatunde qui s’est fracturé le poignet face aux Argentins. Il devrait être remplacé par Victor Moses, lequel a disputé 19 matchs (pas en entier) cette saison avec Liverpool et compte déjà 7 buts à son actif en 23 sélections.
Autre atout pour les Nigérians : les conditions climatiques qui – si elles seront les mêmes pour les deux équipes à Brasilia – leur seront quand même plus familières qu’à leurs adversaires français avec un coup d’envoi donné 13h00 locales sous une température avoisinant les 30 degrés et un taux d’humidité flirtant avec les 40%. Joueur professionnel en Europe dans les 1990, Stephen Keshi connaît bien la France (il est notamment passé par le RC Strasbourg) et il croit dans les chances de son équipe. Son souhait majeur : ne pas se comporter face aux Bleus comme contre l’Argentine qu’il reproche à ses joueurs d’avoir trop respectée. Il n’oublie pas non plus que c’est lui qui aurait dû affronter les Bleus de Zidane à la tête du Togo en 2006, une Coupe du monde pour laquelle il avait qualifié les Eperviers avant d’être évincé au profit de l’Allemand Otto Pfister. Alors affronter l’Allemagne (1) en quarts, pensez donc si lui aussi en rêve !
(1) L'Allemagne affronte quant à elle l'Algérie lundi pour son huitième de finale
Les deux matches du jour sont à suivre et à vivre en intégralité sur l'antenne Afrique de RFI