Il fut une époque où on l’appelait, presque par dédain, la finale des « coiffeurs ». Ce surnom de « coiffeurs » avait été donné aux remplaçants de l’équipe de France durant la Coupe du monde 1986, lesquels disputèrent au Mexique le match pour la troisième place – ou petite finale – contre la Belgique (4-2 a.p.). Les temps ont changé, les coupes de cheveux aussi et cette rencontre programmée samedi 10 juillet à 18h30 TU à Port Elizabeth, les Uruguayens tiennent à la gagner autant que les Allemands après leurs échecs respectifs contre les Pays-Bas (3-2) et l’Espagne (1-0) en demi-finale. D’abord pour une question de prestige, ensuite pour le palmarès (chaque vainqueur reçoit une médaille) et aussi parce que le titre de meilleur buteur du Mondial 2010, et même de tous les temps, va peut-être s’y décider.
Troisième, c’est important
« C'est très important pour nous, surtout quand on sait qu'il y a quelques années, la FIFA voulait supprimer ce match car elle pensait qu'il n'en valait pas la peine »a déclaré le sélectionneur de la Celeste, Oscar Tabarez, au micro de RFI. « Pour l'instant l'Allemagne et l'Uruguay ont assuré les troisième et quatrième places. Mais pour nous, le défi, c'est de finir troisièmes de ce Mondial » a-t-il insisté. « Nous savons que cela va être difficile parce qu'à mon avis, hormis l'Espagne, l'Allemagne est la meilleure équipe de cette Coupe du monde, donc nous allons essayer de la battre ».
Ce sont donc les deux meilleures équipes possibles qui se présenteront sur le terrain du Nelson Mandela Bay Stadium, ce qui ne veut pas nécessairement dire les deux meilleures équipes dans l’absolu. Pour ce septième match de compétition en vingt-neuf jours (en vingt-sept jours en ce qui concerne les Allemands), les deux sélectionneurs doivent en effet composer avec la fatigue et les pépins physiques. Joachim Löw en est même réduit à s’occuper de sa propre santé car il est légèrement grippé, mal qui a frappé par contagion deux de ses titulaires le capitaine Philipp Lahm et l’attaquant Lukas Podolski. Sami Khedira ainsi que Mesut Özil sont également incertains du côté de la Mannschaft et pourraient céder respectivement leur place à Tony Kroos, déjà entrevu contre l’Espagne et à Marko Marin qui n’a joué que des bribes de match contre les Australiens et le Serbes.
Bien que souffrant du dos après un coup reçu contre l’Espagne, Miroslav Klose tiendra sa place à la pointe de l’attaque allemande pour des raisons évidentes. S’il marque contre l’Uruguay il rejoindra, ou dépassera, le Brésilien Ronaldo pour le nombre de buts marqués en phase finale. On rappelle qu’il en est à quatorze et que le record est à quinze. Son alter ego uruguayen, Diego Forlan, n’est pas non plus dans la forme de sa vie. Mais lui aussi sera sur le terrain. Fatigué et souffrant d’un tendon, le valeureux N.10 de la Celeste est également en course pour le titre de meilleur buteur du Mondial. Comme Klose, il totalise quatre buts, soit une unité de moins que les leaders l’Espagnol David Villa et le Néerlandais Wesley Sneijder qui en découdront dimanche 11 juillet en finale au Soccer City Stadium de Johannesburg.
Müller et Suarez de retour
Cet Allemagne-Uruguay marquera également le retour de deux suspendus célèbres : Thomas Müller et Luis Suarez. Les deux hommes ont marqué le Mondial mais pas pour les mêmes raisons. Auteur de 4 buts et de 4 passes décisives, l’espoir du Bayern tient la corde pour le titre de « meilleur jeune joueur » du Mondial pour lequel il a été nommé en compagnie du Ghanéen André Ayew et du Mexicain Giovanni Dos Santos.
Voué aux gémonies dans toute l’Afrique pour avoir privé le Ghana de la victoire en quart de finale en arrêtant de la main la tête de Dominic Adiyiah, Suarez aura pour sa part à cœur de démontrer qu’il est un bon footballeur avec les pieds, témoin ses trois buts inscrits dans le tournoi. « Vous savez cette main contre le Ghana , c'était juste une intuition. L'instinct. Si je ne fait pas ce geste ... le Ghana marque et c'est fini » a-t-il déclaré à RFI. « Je ne pense pas que l'on doive me traiter en héros dans mon pays » a-t-il cependant tenu à préciser. « J'ai fait ce que j'avais a faire, comme les vingt-trois joueurs de la sélection. Et nous devons tous être traités pareils ». S’ils ne consoleront pas les Ghanéens, ces propos ont au moins le mérite de la sincérité