Est-ce que cette demi-finale peut replacer l'Uruguay comme une place forte du football ?
Non je ne pense pas. C'est pervers de dire une chose pareille. Penser que les résultats de quelques matchs puissent tout changer de cette façon, c'est irréaliste. La route est longue pour en arriver là. C'est différent aujourd'hui par rapport aux années 1950, quand on ne perdait jamais un match. Aujourd'hui, il y a des joueurs dans notre pays qui émigrent dans d'autres pays. Ils partent très jeunes et nous sommes devenons un championnat du tiers monde, avec des ressources footballistiques qui s'épuisent. Si nous gagnons des matches, ça ne changera pas tout. Il faut avoir une vision globale pour combler le gouffre économique par rapport aux autres nations
Les Pays-Bas partent largement favoris contre vous, vous partagez cet avis ?
Si on doit se demander quelle équipe est supérieure a l'autre. De par le passé récent et le parcours dans cette coupe du monde, alors autant ne pas jouer le match car ce sont les Pays bas les plus forts ! C'est comme ça ... nous le savons ! Mais vous savez que la Coupe du monde ce n'est pas forcement une histoire de « qui est le plus fort ». Ce qu'il faut, c'est arriver au dernier match. C’est tout ! Et ce mardi, ce n'est que l'avant dernier match, le résultat n'est pas encore écrit. C'est pourquoi nous avons le modeste espoir de pouvoir faire tous les efforts pour gagner. Pour cela, nous savons que nous devons faire un match parfait. Et ça, c'est possible !
Luis Suarez est fêté comme un héros national en Uruguay. Il dit qu'il a fait une « main de dieu ». Est-ce qu’il ne devrait se montrer plus discret ?
Moi, ce qui me fait honte, c'est ce qu'écrivent les journaux anglais là-dessus (Ndr dans la presse anglophone d'Afrique du Sud fait ses gros titres sur Suarez-le-tricheur).
L’Uruguay attend énormément de son équipe nationale maintenant...
Nous sommes face à une grande responsabilité. Cela fait 40 ans que nous n'étions pas arrivés en demi-finales. Et il y a des gens en Uruguay, des enfants, des jeunes, qui n'avaient jamais vu une chose pareille. Ailleurs, personne ne croyait que ça pouvait arriver. Ce Mondial, c'était comme une fête à laquelle nous n'étions pas invités, mais maintenant, pour avoir le droit d'y rester, ça dépend de nous. Je suis heureux de jouer ce match, pour moi et mes joueurs, c'est incroyable, c'est énorme. Des millions de gens dans le monde et en Uruguay vont regarder ce match. C'est un à la fois un challenge et un immense bonheur."
Vous trouvez qu’on vous a sous-estimés dans ce Mondial ?
Non. Nos antécédents en terme de résultats remontaient à trop loin dans le temps pour faire de nous un candidat sérieux. Mais si nous ne rêvions pas un peu, nous n'aurions aucune raison de jouer. Dans mon groupe, il y a de très jeunes joueurs mais qui ont emmagasiné beaucoup de choses durant les éliminatoires. Le Mondial est une fête alors que les éliminatoires sont un supplice. Je ne peux pas dire que nous n'avons rien à perdre, mais nous avons beaucoup à gagner. Pour l'instant c'est encore du rêve, mais ce Mondial a déjà connu beaucoup de résultats inattendus. Regardez: les deux finalistes du dernier Mondial (ndlr: la France et l’Italie se sont fait sortir dès le premier tour.