De notre envoyé spécial à Johannesburg,
Le Ghana en quart de finale de Coupe du monde, ce soir face à l’Uruguay, personne ne l’attendait. Paradoxalement, ce n’est pas vraiment une surprise. Plutôt le résultat logique d’une alchimie réussie. Cette équipe finaliste de la dernière CAN a su amalgamer des joueurs d’expérience et quelques éléments issus du groupe vainqueur du Mondial des moins de 20 ans, fin 2009. Pour la légende du football ghanéen, Abédi Pelé, « le Ghana a des points forts, une organisation très stricte, de la discipline. C’est vrai qu’avec Forlan et Suarez, l’Uruguay est vraiment forte. Mais notre manière de jouer et de rester compacte va rendre difficiles les attaques adverses. »
S’il a les moyens de bien défendre grâce à la discipline imposée par son sélectionneur serbe Milovan Rajevac, le Ghana devra bien évidemment se montrer dangereux en attaque. Pour cela, il comptera une nouvelle fois sur son avant-centre Asamoah Gyan, déjà auteur de trois buts dans la compétition. Très confiant, le joueur du Stade rennais déclarait la veille de la rencontre : « Je suis à 100 % physiquement. Je suis prêt à tout. Je ne ressens aucune pression. » Si lui jouera en pleine possession de ses moyens, ce ne sera cependant pas le cas de tous ses coéquipiers.
Les Black Stars diminuées
Obligés de recourir à une éprouvante prolongation pour battre les Etats-Unis au tour précédent, les hommes de Rajevac ne se présenteront pas avec leur équipe type face à l’Uruguay. Jonathan Mensah, le défenseur, et Andre Ayew, le milieu offensif, seront suspendus. Ce dernier manquera cruellement sur son côté gauche. « Personne n’attendait d’Andre de telles performances en Coupe du monde. Il a fait quatre matchs de rêve. Pour les journaux sud-africains, il fait partie des dix meilleurs joueurs de la Coupe du monde », commente son père, Abédi Pelé. Ayew devrait être remplacé par Sulley Muntari, récent vainqueur de la Ligue des champions avec l’Inter Milan.
Kevin-Prince Boateng, autre révélation de ce Mondial, ne devrait pas tenir sa place en raison d’une blessure aux ischio-jambiers. Parmi ceux qui joueront, plusieurs ne seront pas au meilleur de leur forme. A commencer par le capitaine et défenseur central John Mensah. Quant au défenseur latéral Hans Sarpei, il devrait également être aligné malgré une petite forme.
Toute l’Afrique derrière les "Baghana-Baghana"
Si le Ghana ne se présentera pas au complet, ce soir au Soccer City de Johannesburg, il pourra toutefois compter sur le soutien inconditionnel d’un stade de 90.000 spectateurs acquis à sa cause. Dernier représentant africain dans le tournoi, il incarne depuis la fin du premier tour les espoirs d’un continent.
« On attendait trois ou quatre équipes africaines au deuxième tour et seul le Ghana est présent en quart de finale. Tout le continent va être derrière les Black Stars. Cela va nous faire du bien. L’ancien président sud-africain Thabo M’Beki est en train d’organiser la venue de supporters. On nous appelle maintenant les "Baghana-Baghana". Ça va être quelque chose de formidable », s’enthousiasme Abédi Pelé. Cette fusion entre le pays organisateur et les Black Stars est également présente dans le discours de John Mensah : « On est heureux de voir l’Afrique du Sud réussir dans l’organisation. De notre côté, on s’efforce de faire notre part du boulot, on fait tout pour que l’Afrique soit fière. » Et rien ne pourrait rendre l’Afrique plus fière que de voir une de ses équipes en demi-finale d’une Coupe du monde pour la première fois à l’occasion du premier tournoi organisé sur son sol.