Affaire Anelka: la presse étrangère en parle aussi

L’exclusion de Nicolas Anelka de l’équipe de France de football fait du bruit dans les médias du monde entier. Au centre de presse de Durban en Afrique du Sud, les journalistes étrangers n’étaient pas très surpris par l’affaire. Voici quelques témoignages recueillis en français, ce 20 juin.

Yazid OUAHIB (El Watan, Algérie)

« C’est pratiquement suivi minute pas minute par les Algériens compte tenu de la proximité de nos deux pays. Cela nous intéresse car nous risquons peut-être de vivre la même chose. On peut toujours tirer des enseignements de ce qui arrive aux autres. Cela dénote toute l’attention qui a entouré la préparation à la Coupe du monde de l’équipe de France. La défaite contre le Mexique n’a pas arrangé les choses.

C’est dommage d’assister à des scènes pareilles. C’est un mauvais exemple et ce n’est pas bon pour le football mais ce n’est pas surprenant. Quand un entraîneur est isolé, automatiquement, il perd tous les soutiens. Compte tenu des résultats à ce Mondial 2010, en équipe de France, c’est du chacun pour soi. Cela dit, si mes souvenirs sont bons, quand le sort de Domenech a été discuté en Conseil Fédéral, il y a des cadres de l’équipe de France qui ont milité pour son maintien.

J’ai quand même été surpris de la façon dont cette affaire a été gérée et je trouve que, dans les moments difficiles, chacun doit garder sa raison et garder aussi à l’esprit l’image qu’il véhicule. Nous avons un peu connu le même problème il y a quatre mois à la CAN en Angola et le joueur (Ndlr, Khaled) a été renvoyé chez lui. »

Andrei BODROV (Sovietsport, Russie)

« Nous avons connu ce même genre de problème entre Alexander Mostovoï et le sélectionneur Georgi Yartsev lors de l’Euro 2004 au Portugal. Il avait été exclu de l’équipe et était rentré chez lui en taxi car à l’époque il habitait à 30 km (Ndlr Mostovoï évoluait alors au Celta Vigo en Espagne). Mais après, cela avait fini par s’arranger. Yatsev avait dit : « Je t’aime Mostovoï » et le joueur avait répondu « Moi non plus ».

Nous sommes frappés par l’affaire Anelka, pour nous c’est un grand scandale. Nous y consacrons deux pages et demie dans notre édition d’aujourd’hui. C’est la première fois que nous accordons autant de place à l’équipe de France. Je trouve normal que Jean-Pierre Escalettes, le président de la FFF, ait décidé d’exclure Anelka de l’équipe. »

Emmanuel Gustave SAMNICK (Ndamba, Cameroun)

« Nous avons nos propres problèmes mais c’est bien sûr une affaire que nous suivons de près car elle nous amuse beaucoup. Au Cameroun, nous avons tous été surpris du maintien de Raymond Domenech à la tête de l’équipe de France après l’échec cuisant de l’Euro 2008. Que la Fédération ait décidé que le meilleur choix c’était de maintenir Raymond Domenech et qu’elle échoue de cette façon après la mise à l’écart de joueurs comme Karim Benzema et Samir Nasri, on se dit que c’est la suite logique. Quand on ne prend pas les bonnes décisions au bon moment, on abouti à ce genre de résultat.

L’équipe de France va mal, elle aurait dû soigner son mal qui était d’avoir un mauvais sélectionneur. On aurait peut-être mieux fait de gérer tout cela en famille. J’ai vu que l’on avait demandé à Nicolas Anelka de présenter ses excuses à l’entraîneur et à ses coéquipiers et qu’il a refusé. Il est donc normal qu’il soit exclu mais pour moi cette affaire est le résultat de la collusion entre une Fédération entêtée et son coach entêté. On se retrouve avec une équipe sans âme et sans idée. Je suis sûr que France 98 avait des problèmes plus grave en interne mais que cela n’est pas sorti parce que l’équipe gagnait. »

Veronica SARDON (DPA/ Espagne)

« En Espagne, on n’est pas trop surpris. On connaît Anelka, il a joué au Real Madrid. Il a connu quelques problèmes aussi. Dans pratiquement toutes les équipes où il a joué, sauf Chelsea peut-être, il a eu des problèmes. Et puis l’entraîneur, Domenech, est un personnage difficile. Donc les médias espagnols ne sont pas trop surpris. Quand les choses ne marchent pas sur le terrain, c’est ce qui arrive.

Cela occupe pas mal de place dans les médias espagnols car c’est quand même rare, un joueur qui se fait exclure d’une équipe pendant la Coupe du monde. Cela n’est jamais arrivé en équipe d’Espagne à ma connaissance, du moins pas des conflits ouverts comme celui-là. La Fédération française a fait la seule chose qu’elle pouvait faire, une fois que l’incident a été connu.

Les divisons au sein de l’équipe de France, on les connaissait avant et peut-être qu’ils auraient dû agir avant. Domenech suscite la polémique depuis des années déjà et je ne sais pas si c’était la meilleure chose de le garder. Cet incident ne fait que refléter les divisions au sein de cette équipe. Il y a un problème avec Anelka, il y a des problèmes entre Domenech et les joueurs et des problèmes entre les joueurs eux-mêmes. Ce sont des problèmes qui ne datent pas d’hier et qui existent toujours. Mais cela ne m’étonne pas que les joueurs cherchent à, savoir qui a « trahi » le groupe en dévoilant ce qui s’est passé dans le vestiaire. »

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