RSF passe à l’offensive contre les pays que l’association qualifie « d’ennemis d'Internet ». L’opération baptisée Collateral Freedom ou « libertés collatérales » est née du constat que le rapport annuel publié par l'ONG, dénonçant les actes de cyber-censure dans le monde, restait sans effet sur les politiques liberticides menées par les États. L’Arabie saoudite, l'Iran ou la Chine censurent constamment la presse et le web sur leur territoire et des pays pourtant démocratiques comme l'Australie, la Corée du Sud ou récemment la France, s’évertuent à mettre en place les dispositifs numériques d’une surveillance massive des internautes.
Un multitude de sites miroirs
La technique employée est connue depuis les débuts de l’internet. RSF a d’abord réalisé la copie des sites censurés puis a loué des espaces d’hébergements sur les serveurs informatiques des géants du web, comme Amazon, Microsoft ou Google. Un mode opératoire qui est moins complexe qu’il n’y paraît, explique Grégoire Pouget responsable nouveaux médias à RSF : « Ses sites miroirs, on les a installés sur des services qui sont massivement utilisés par des entreprises que ce soit en Chine, en Iran, que ce soit aux Emirats, qui sont les services de ce qu’on appelle ‘l’informatique dans les nuages’ ou ‘Cloud Computing’, et tout ce qui est massivement utilisé par les entreprises qui ont besoin d’acheter de la puissance de calcul. La conséquence de ça, c’est que si un pays veut bloquer nos miroirs, il va devoir bloquer tous les services d’Amazon, de Microsoft ou de Google. Tous les outils qu’on a utilisés pour faire cette opération sont accessibles en ligne. N’importe qui peut réitérer l’opération et c’était vraiment ça l’objectif de notre opération, montrer que c’était faisable ».
Les pays ennemis d'Internet
En Russie, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Turkménistan, en Chine, au Vietnam, à Cuba, en Iran, aux Emirats arabes unis, au Bahreïn et en Arabie saoudite : 9 sites d’informations, censurés dans 11 pays en tout, sont maintenant accessibles, des sites éphémères que les pays censeurs ne manqueront pas de bloquer à nouveau. C’est la raison pour laquelle, l’association invite les internautes à prendre le relais de l’opération, en créant une infinité de sites miroirs, pour contrarier les actions de censure des « Ennemis d'internet ». (→Voir le rapport 2014 de RSF)