Il y avait, par exemple, le compte de « Tom Hugo », jeune homme aux airs de beau gosse musclé. Il maîtrise le chinois couramment et poste des messages sur Twitter. Son sujet préféré : le Tibet. Certains de ses tweets renvoient vers des reportages de propagande. Dans ces vidéos, on peut admirer la beauté du Toit du monde, l’Himalaya, et apercevoir des Tibétains tout sourire, habillés en jolis costumes « exotiques » comme le souligne Tom Hugo dans ses louanges au Tibet.
La partie émergée de l'iceberg
Seulement voilà, Tom Hugo n’existe pas. Derrière ce personnage se cachent vraisemblablement les artisans de la propagande chinoise. C’est en tout cas le soupçon évoqué par Free Tibet, une organisation de défense des Tibétains. Cette ONG basée à Londres a révélé que le visage de Tom Hugo est en vérité celui d’un mannequin brésilien et que son compte s’avère être un faux compte Twitter. Un autre utilisateur se serait même emparé de l’image de Syd Barrett, membre du groupe des Pink Floyd.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul, Free Tibet a détecté une bonne centaine de comptes fictifs et pense qu’il ne s’agit que de la partie émergée de l'iceberg. Selon l’organisation, ces comptes diffusent des messages censés convaincre le monde que le Tibet est une région chinoise où règne la sécurité et dont les habitants baignent dans la félicité. Free Tibet a d'ailleurs recensé plusieurs captures d'écran de ces comptes fictifs sur son compte Flickr.
Outil de propagande
L’organisation Free Tibet est convaincue que ces tweets sont diffusés pour prêcher la bonne parole sur des sujets sensibles comme le Tibet. L'organisation a retracé aussi des tweets qui attaquent ouvertement le Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains et considéré comme un « dangereux séparatiste » par Pékin. Un tweet posté par Tom Hugo et dénonçant la politique anti-Chine mené par le Dalaï-Lama aux Etats-Unis a même été retweeté 6 500 fois, un effet boule de neige visiblement voulu. La campagne de l'ONG contre ces faux tweets a déjà eu un résultat tangible. Après avoir interpellé Twitter à ce sujet, la majorité des comptes ont été fermés ces derniers jours.
Aucun élément tangible ne permet encore de relier cette propagande aux autorités chinoises. Mais il est admis qu’en Chine, des dizaines voire des centaines de milliers de « policiers de la toile » sont censés surveiller et censurer Internet. Des bataillons de Chinois sont même payés pour diffuser la pensée du Parti communiste sur Internet. Il semble donc tout à fait crédible que ces faux tweets fassent partie intégrante de la propagande officielle.