Les services du Premier ministre français ont demandé aux ministères de bannir les smartphones pour transmettre des «informations sensibles» en raison de risques «d'atteintes à la sécurité des systèmes d'information». Ce rappel à l'ordre formule les quelques règles élémentaires, sans doute un peu oubliées, mais que l'affaire Snowden a rappelées à tous. Des règles du genre : «utilisez vos téléphones et vos ordinateurs professionnels pour passer des appels ou échanger des données sensibles. Vos outils personnels doivent être utilisés pour un usage personnel». Autre recommandation, «ne connectez pas sur vos ordinateurs une clé usb ou un disque dur dont vous n'êtes pas sûrs à 100 % ». Même chose pour les pièces-jointes ou les liens, «ne cliquez dessus que si vous faites une entière confiance à la personne qui vous a écrit». Les Etats-Unis ont déjà fait le coup en 2012. Ils avaient utilisé ce moyen pour espionner les services de l'Elysée.
Un équipement ultra-sécurisé dans les ministères
C'est d'autant plus élémentaire que tous les ministres et leurs collaborateurs ont accès à un équipement sécurisé. L'ANSSI, l'organisme en charge de la sécurité informatique au gouvernement, met à disposition des smartphones, des ordinateurs équipés de logiciels de cryptage et de protection des données : toute une série de programmes qui permettent d'échanger des informations classées secret-défense en toute sécurité, même si bien sûr, il faut le rappeler, aucun système informatique n'est inviolable.
Dans l'ensemble, les ministères ont bien réagi à ce rappel à l'ordre, même le ministère de l'Intérieur, plutôt bon élève en la matière.
Le piratage, un concept encore flou pour certains ministres
Le plus embêtant, c'est que certains ministères ne se sentent pas concernés. Michèle Delaunay, interrogée par RFI sur le sujet a réagi ainsi : « Je vais vous faire une confidence : mon dossier qui est celui des personnes âgées ne contient pas beaucoup de secrets d'Etat ». Erreur ! Grave erreur ! Ce n'est pas parce que d'éventuels espions ne s'intéresseraient pas aux personnes âgées en France qu'il ne faut pas faire attention ! Parce que celui qui pirate un portable, peut avoir accès à tous les contacts, et envoyer des messages à l'insu du propriétaire, des messages avec pièces-jointes qui peuvent à leur tour véroler le système informatique de l'interlocuteur.
Utiliser des systèmes protégés est plus contraignant car plus long. La petite histoire raconte d'ailleurs que Nicolas Sarkozy n'utilisait pas son téléphone protégé car il mettait plus de 30 secondes avant de pouvoir passer un appel !