De notre envoyé spécial,
« C’est Peter Sagan ». Derrière les barrières, à chaque arrivée d’étape, il est rare de ne pas entendre un spectateur s’extasier devant le Slovaque. Cheveux longs, dégaine de rock star, le coureur de la formation Tinkoff détonne dans ce peloton sage, conduit en jaune par un Chris Froome aussi lisse qu’un cadre de vélo.
Le « monsieur plus » du Tour
Depuis le grand départ au Mont-Saint-Michel, Peter Sagan assure le spectacle de ce grand show qu’est devenu le Tour. Sagan, c’est le « monsieur plus ». L’élégance est son totem, la stratégie de communication sa marque de fabrique. Mais pour cela, il faut être un coureur de talent, capable de s’imposer et d’animer une course parfois devenue illisible.
Peter Sagan est très fort. Le champion du monde en titre a porté le Mailllot jaune en début de Tour après sa victoire à Cherbourg. Aujourd’hui, il roule en vert, couleur du meilleur sprinteur. Mercredi 13 juillet, il a emmené avec lui le leader Chris Froome à l’avant de la course, alors que le vent raflait tout sur son passage, notamment le pauvre grimpeur colombien Quintana, en quête de son premier Tour de France.
Cinq fois deuxième d’étape l’an passé, Peter Sagan semble pouvoir tout se permettre. Même faire des sorties médiatiques à l’emporte-pièce : « C’est un truc de dingue. Certains ont perdu leur cerveau et se fichent pas mal des autres. On voit des chutes stupides. Avant, il y avait plus de respect. C'est dur à dire, mais il y a des coureurs qui ne savent pas rouler dans un peloton ». Une saillie lâchée au soir de la deuxième étape.
Un bon client pour les médias
Le vainqueur du Tour des Flandres 2016 est un très bon client. Chaque soir, il régale la presse internationale après le podium protocolaire où il se pare de vert. Peu importe la portée de ses réponses, il y aura toujours un média pour relayer ses phrases souvent sans intérêt : « Je suis content de ma journée. On a bien roulé. »
En quatre participations, Sagan a déjà ramené quatre Maillots verts à la maison. Il pourrait s’en contenter. Mais il adore se mettre en scène en faisant par exemple des roues arrière après la ligne d’arrivée ou encore en postant des messages sur son compte Twitter.
« Peter Sagan donne de la fraîcheur dans notre cyclisme », dit le Français Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, et pourtant loin d’être un chantre du cyclisme moderne. « Je ne suis pas un magicien, mais la magie se produit », écrit Sagan au moment où il reprend le Maillot vert à Mark Cavendish à Revel (10e étape). Ou encore : « Ma vie est un film ».
On ne sait pas encore comment se terminera cet épisode 2016 pour Sagan. Certainement en vert le 24 juillet sur les Champs-Elysées, avec une tonne de facéties d’ici là, et le sport spectacle en toile de fond.