Difficile de connaître réellement ses sentiments, tant l’intéressé tient à tenir les micros à l’écart, passant régulièrement devant les médias sans un regard pour les journalistes à la fin des rencontres. A seulement 20 ans, le footballeur Adrien Rabiot n’est certes pas du genre expansif, mais on imagine aisément qu’intérieurement, un vrai bonheur doit primer. Surtout lorsque l’on refait le film de sa première moitié de saison, très difficile, avec le PSG, son club formateur.
Tout commence à la fin du mois d’août. Alors que le marché des transferts estival s’apprête à fermer ses portes, le joueur et son représentant – sa mère – n’arrivent pas à trouver un accord avec les dirigeants du PSG pour prolonger le contrat du milieu de terrain qui arrive à expiration à la fin de saison. La faute à des exigences salariales jugées trop élevées par la direction du club qui l’expédie en équipe réserve après un transfert avorté, à la dernière minute, à l’AS Rome.
A la surprise générale, alors qu’il n’avait jamais été convoqué jusqu’alors cette saison par l’entraîneur du PSG, Laurent Blanc, les dirigeants parisiens annoncent fin octobre la prolongation, jusqu’en 2019, d’Adrien Rabiot, double champion de France (2013, 2014) formé au club. « C’est l’une des signatures les plus importantes pour l’avenir du club, il fait partie des grands joueurs de demain, expliquait Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG. Adrien a grandi avec nous et je suis convaincu qu’il nous fera encore vivre de grands moments de football. Il était très important pour le club qu’un jeune joueur français du talent d’Adrien reste dans la famille du Paris Saint-Germain ».
Laurent Blanc s’était opposé à son départ en janvier
Trop arrogant ? Trop ambitieux et sûr de ses forces ? Incapable d’accepter la concurrence au sein d’un club qui fourmille de talents ? Adrien Rabiot a longtemps suscité doutes et interrogations au sein de l’encadrement du PSG. En janvier, alors que son nom circule à nouveau du côté de l’Angleterre (Arsenal, Tottenham) et de l’Italie, Laurent Blanc pose finalement un veto définitif à un départ en prêt après avoir réintégré l’ex-boudeur dans l’effectif professionnel. « Ma position est claire : il représente l'avenir du PSG. Il revient bien après une première partie de saison compliquée au niveau personnel. Je me répète, je souhaite le conserver, le faire jouer et progresser », indiquait le coach à l’occasion d’une conférence de presse en début d’année.
Depuis, tout a changé. Barré régulièrement par Yohan Cabaye depuis l'arrivée de l'ex-joueur de Newcastle un an plus tôt, Adrien Rabiot profite des blessures à répétition du milieu international pour retrouver les terrains, bien aidé également par le départ de Clément Chantôme lors du marché hivernal des transferts. Auteur d’un doublé face à Toulouse au Parc des Princes (3-1), six semaines après sa première réalisation à Bastia lors de la dernière défaite des siens en Corse (2-4), Rabiot enchaîne les belles prestations, comme à Stamford Bridge, contre Chelsea, en quart de finale retour de Ligue des champions, où son entrée à la 82e coïncide avec la fin de partie tonitruante du PSG.
Titulaire face à Saint-Étienne mercredi 8 avril en demi-finale de Coupe de France puis contre Bastia au Stade de France en finale de la Coupe de la Ligue, l’international espoirs s’apprête à récidiver ce 15 avril, au sein d’un milieu 100% français avec Blaise Matuidi et Cabaye, face au FC Barcelone. Une première à ce niveau dans un match à enjeu pour le gamin aux neuf matches de Ligue des champions. Qui l’aurait cru il y a quelques mois ?