Avec notre envoyé spécial en Turquie,
A cheval sur deux continents, l’Europe et l’Asie, Istanbul a sonné la fin de l’aventure de ce 50e Tour de Turquie pour Youcef Reguigui et Merhawi Kudus. Ces deux complices ont la lourde tâche de représenter le continent africain au plus haut niveau. Et il faut avoir les épaules solides. Malheureusement, lors de la dernière étape, Merhawi Kudus s’est fracturé la clavicule et a été contraint à l'abandon. Il a été évacué dans un hôpital de la ville.
Youcef Reguigui, l’espoir du cyclisme algérien
Youcef Reguigui, toujours disponible avec nous, est pour le moment le seul cycliste algérien dans le peloton professionnel. Autant dire que tous les regards sont portés sur lui de l’autre côté de la Méditerranée. « J’ai beaucoup travaillé pour l’équipe et je suis un peu fatigué », avoue Reguigui qui a lourdement chuté samedi lors de l’avant-dernière étape qui arrivait à Izmir. « C’est le vélo », lâche-t-il en souriant malgré ses deux genoux bien écorchés.
Cette semaine, le membre de l'équipe sud-africaine MTN-Qhubeka a préparé les sprints de l’Italien Kristian Sbaragli qui s’est classé 3e lors de la 5e étape entre Marmaris et Bodrum. Kristian Sbaragli n’est pas passé loin de la victoire. Youcef Reguigui a aussi beaucoup fait d’effort pour son leader et copain, Merhawi Kudus.
Youcef Reguigui prend des nouvelles de l’Algérie via un de ses meilleurs amis : Azzeddine Lagab. Le champion d'Algérie sur route en 2009, 2010 et 2012 lui raconte un peu ce qui se dit sur lui dans les médias. Il est vrai que Reguigui a le « devoir d’ouvrir les portes du cyclisme mondial pour les autres coureurs algériens ». L’ancien pensionnaire du Centre mondial du cyclisme en Suisse concède que « c’est quand même stressant ».
Après la Turquie, l’ancien vainqueur d’une étape au Tour du Faso participera au Tour d’Azerbaïdjan avant de prendre du repos chez lui, en Algérie. Ensuite, il sera peut-être de la partie au Tour de Suisse. Mais rien n’est encore défini. En septembre, l’équipe MTN-Qhubeka prendra part au Tour d’Espagne. A 24 ans, Youcef Reguigui pourrait bien être le premier coureur algérien à participer à ce Grand Tour.
Merhawi Kudus : « J’ai encore beaucoup appris »
Merhawi Kudus est aussi un espoir, mais pour l’Erythrée. En Turquie, ce garçon de 20 ans au visage juvénile, ponctué d’un éternel sourire, a réussi à séduire tous les suiveurs. « Je suis touché que l’on s’intéresse à moi. C’est génial », lance-t-il tout en acceptant de faire une photo avec un spectateur. « C’était une semaine compliquée, mais j’ai encore beaucoup appris », résume simplement le petit grimpeur, le bras bandé suite à une chute le quatrième jour. La veille, il avait pris une très belle 4e place lors de l’étape reine sur les hauteurs d’Elmali (29 avril). Sur ce Tour de Turquie, Merhawi Kudus avait un ange gardien : l’Allemand Linus Gerdemann, porteur du Maillot jaune sur le Tour de France en 2007.
« C’est un super gars. Il connaît parfaitement son métier et il a participé à énormément de grandes courses. Tous les jours, il a travaillé pour moi. Il m’a protégé. J’ai beaucoup appris de son expérience et il est toujours en train de me donner des conseils », rapporte Kudus. « Il a beaucoup d’expérience, c’est le cerveau de l’équipe MTN avec Gerald Ciolek », ajoute Youcef Reguigui.
Comme Reguigui, Merhawi Kudus devait prendre part au Tour d’Azerbaïdjan qui débute mercredi 7 mai. Mais sa blessure risque de pertuber son calendrier pendant plusieurs semaines. Il avait aussi la ferme attention de tenter de remporter son championnat national le 1er juin. Ensuite, il devait découvrir le très difficile Tour de Suisse. En fin de saison, Merhawi Kudus voudrait bien « briller » aux championnats du monde en Espagne.
« La Turquie est un très beau pays. On espère revenir l’année prochaine », ont avoué les deux coureurs africains. Et devant un public toujours très chaleureux, ils tenteront cette fois d’écrire une nouvelle page de l’histoire de ce Tour.