Le Stade Rennais fait partie des clubs « maudits » de la Ligue 1. Si l’on excepte le Stade de Reims, qui n’a plus gagné un titre depuis 52 ans mais a passé de longues années loin de l’élite dans l’intervalle, seul le Toulouse FC a vécu une disette plus longue que les Bretons dans les habitués de la Ligue 1 : 57 ans pour la Ville Rose, 43 ans pour les Bretons. Pourtant à l’heure d’affronter son destin en finale de Coupe de France ce samedi, c’est plutôt leur histoire récente avec l’En Avant Guingamp, l’autre finaliste, qui doit inquiéter les Rennais.
François Pinault contre 7300 habitants
Ces derniers n’ont en effet plus gagné contre l’EAG depuis dix ans. Et, surtout, ils restent sur une défaite douloureuse, il y a cinq ans, au même stade de la compétition. Bocanegra avait pourtant ouvert le score pour Rennes à l’heure de jeu, mais Eduardo avait offert aux Guingampais le premier titre de leur Histoire grâce à un doublé aux 72e et 83e minutes. Le plus cruel ? A l’époque, Guingamp n’évoluait qu’en Ligue 2. Cette année, le club lutte pour ne pas y retourner, alors que le Stade Rennais, deux points au dessus, est quasiment sauvé.
C’est peut-être le plus frustrant pour l’équipe de la capitale administrative bretonne. Propriété depuis quinze ans du groupe de François Pinault, troisième fortune française et 59e fortune mondiale en 2012, les Rouge et Noir pensaient récolter rapidement les trophées, mais c’est bien le club d’une ville de 7300 habitants qui possède le palmarès le plus frais des deux, à l’heure de cette nouvelle confrontation décisive. Car s’ils ont su développer leur centre de formation au fil des années, les Rennais ont commis beaucoup trop d’erreurs de recrutement pour espérer s’installer régulièrement dans le haut du classement de la Ligue 1.
L'héritage de Noël Le Graët
Cultivant l’image du petit club face aux géants du football français, il ne faudrait pas pour autant croire que l’En Avant Guingamp n’a jamais eu aucun atout dans sa manche. Le principal s’est longtemps appelé Noël Le Graët. Entrepreneur, maire socialiste de Guingamp entre 1995 et 2008, l’ancien président du club (de 1972 à 1991 puis de 2002 à 2011) est surtout l’un des hommes les plus influents du football français. Déjà président de la Ligue de football professionnel entre 1991 et 2000, il est devenu en 2011 le président de la Fédération française de football, avec le statut d’homme providentiel chargé de redresser la barre après les échecs sportifs et moraux de l’équipe de France en 2008 et 2010.
Depuis la finale d’il y a cinq ans, Noël Le Graët a laissé sa place de président de l’EAG à Bertrand Desplat. La famille Pinault, elle, est toujours aux manettes à Rennes, mais a un peu calmé ses investissements après les premiers échecs. L’année dernière, le Stade Rennais a encore loupé une occasion de mettre à jour son palmarès en s’inclinant en finale de Coupe de la Ligue face à Saint-Etienne. En cas de victoire ce samedi, les supporters rouge et noir de moins de cinquante ans auront donc l’occasion de faire la fête pour la première fois.